Golo et Ritchie : les secrets du tournage

Avant d'être un documentaire, Golo et Ritchie est un duo comique de trentenaires suivis par 1,5 millions de personnes sur Snapchat, 646.000 sur Instagram ou encore 500. 000 sur Tiktok, séduites par leurs vidéos filmées dans leur quartier de la Grande Borne à Grigny (Essonne).

Golo et Ritchie a été présenté hors compétition lors du dernier festival de l’Alpe D’Huez, en 2024.

Ritchie est né en Angola avant que sa famille ne déménage dans l’Essonne quand il était petit. Il est atteint d’une forme légère d’autisme mais a toujours été très bien intégré dans sa cité et connaît Golozer (Golo) depuis sa plus tendre enfance.

Ahmed Hamidi a eu l’idée du documentaire pendant le confinement, alors que le producteur Hugo Sélignac lui envoyait régulièrement des vidéos de Golo et Ritchie. Quand Martin Fougerol a rejoint le projet, ils sont allés voir le duo à Grigny et ont eu un coup de foudre mutuel.

Ahmed Hamidi et Martin Fougerol n'ont eu que peu de budget sur ce film, avec une caméra, un micro et seulement quatre personnes sur le tournage comme le confie l'un des réalisateurs: "L’équipe était réduite au maximum : nous étions tous les quatre, plus un ingé son et évidemment le Tonton de Ritchie qui est quasiment dans tous les plans !". Malgré ces restrictions, Ahmed Hamidi a fait une promesse au duo Golo et Ritchie : que le film sortirait au cinéma. C'est chose faite !

Golo et Ritchie a nécessité deux mois de tournage dans la cité de Grigny, à raison de deux fois par semaine, puis douze jours supplémentaires pour leur périple à vélo de l’Essonne à Marseille. Un film d’autant plus complexe à réaliser que les deux cinéastes travaillaient en même temps sur d’autres projets : " Martin et moi avons enchainé sur d’autres projets donc nous ne pouvions nous consacrer au montage du documentaire que le soir, après une journée de travail.", raconte Ahmed Hamidi. Ils ont ainsi mis 6 mois à dérusher 179 heures de film au départ !

Ahmed Hamidi et Martin Fougerol ne souhaitaient pas faire un film trop préparé afin de mettre en avant la spontanéité des personnages et de leur relation, comme ils l’expliquent : " En fait, notre caméra, c’était comme le prolongement du bras de Golo quand il utilise son téléphone […] Dès 6 heures du matin, au petit-déjeuner, nous commencions à filmer sans savoir ce que nous allions obtenir. Quand vous faîtes un film de fiction, vous avez un certain nombre de séquences à rentrer par jour : elles sont définies. Là, c’était l’inconnu. Donc il fallait être à l’affut constamment et parvenir à les emmener à l’étape suivante, à leur faire aborder certains sujets, etc…"

C’est la première fois que Ritchie quittait sa cité pour partir aussi loin : "Moi au départ je ne voulais pas partir mais j’ai adoré prendre l’air, aller à Marseille, voir la campagne. C’était comme des vacances. Je me sentais libre, ça m’a changé les idées…" confie-t-il. Les deux comparses ont ainsi sillonnés la France, avec une étape prévue tous les cent kilomètres, franchissant le Mont Ventoux et dormant dans un ranch de cow-boys, à la rencontre des Français : "C’était un vrai dialogue, un échange. Jamais nous n’avons senti de peur ou de méfiance alors que nous étions quand même deux Noirs à vélo !" raconte Golo avec humour.

Hugo Sélignac et Ahmed Hamidi ont déjà travaillé plusieurs fois ensemble, notamment sur le film La Marche en 2013, que le premier a produit et l’autre, coécrit avec Nabil Ben Yadir. C’est d’ailleurs la « Marche des Beurs » qui les a inspiré pour le périple de Golo et Ritchie. Martin Fougerol a ainsi eu l’idée de faire le trajet à vélo, et non à pieds : " Il n’y a jamais eu l’idée de filmer une sorte de performance façon Rocky. Nous leur avons dit : vous pédalez comme vous pouvez. Dix minutes, une heure par jour ou 3 heures, on s’en fout ! Ce qui comptait, c’est de savoir que le soir nous allions dormir à tel endroit en rencontrant telle ou telle personne…" relate Ahmed Hamidi.