En 1970, dans le magazine américain Newsweek, le critique Joseph Morgenstern parle, à propos de One + one d'un "songe révolutionnaire qui ne ressemble à rien qui ait déjà été fait. Jean-Luc Godard filme une séance d'enregistrement des Rolling Stones comme une puissante métaphore du développement. (...) Les scènes de répétitions des Stones alternent avec des séquences de pop politique. (...) Du pur génie." Quant à Olivier Assayas, enfant du rock et de la Nouvelle vague, il déclarera à Télérama en 2004 : "Godard capte une radicalité typiquement anglo-saxonne : les Black Panthers, et une violence insurrectionnelle dont les Stones sont les vecteur. Londres est alors une ville en pleine ébullition, c'est l'une des capitales de la contre-culture. One + one est le film qui saisit le mieux cette fièvre ambiante. Godard est le grand cinéaste dadaïste, en perpétuelle remise en question formelle, autant génératrice d'énergie que de destruction. Il s'est toujours efforcé de rapprocher le cinéma des arts plastiques et sa route a aussi croisé celle du rock."
Il existe deux versions de ce film, en raison d'un désaccord entre le cinéaste et les producteurs (conflit qui donna lieu à des incidents durant les premières projections de One + one à Londres en novembre 1968). Dans la version originale, on n'entend jamais la chanson Sympathy for the devil dans son intégralité. Les producteurs ont décidé de concevoir une deuxième version, intitulée Sympathy for the devil dans laquelle on entend la chanson en entier pendant le générique de fin.
Au départ, Jean-Luc Godard était venu à Londres, à la fin de l'année 1968, pour réaliser un film sur la légalisation de l'avortement, initié par la productrice Eleni Collard. La loi autorisant l'avortement ayant été votée peu après l'arrivée du cinéaste, ce projet est devenu caduc.
Avant de choisir les Rolling Stones, Jean-Luc Godard avait soumis son projet aux Beatles, qui ont décliné son offre.
One + one a été tourné à Londres et dans le Sussex, entre juin et août 1968.
One + one est réalisé durant l'enregistrement de l'album Beggars banquet, sorti en décembre 1968, et qui s'ouvre sur la chanson Sympathy for the devil. Il s'agit du dernier album sur lequel figure le légendaire guitariste Brian Jones, membre fondateur du groupe. Celui-ci quitte les Stones en juin 1969, et le 3 juillet de la même année, il est retrouvé mort dans sa piscine. Le film de Godard est un témoignage des rapports conflictuels entre Jones et les autres membres du groupe.
Plusieurs documentaires (plus traditionnels) sur les Rolling Stones sont restés célèbres : Gimme Shelter (1970) de David et Albert Maysles et Charlotte Zwerin, qui suit le groupe dans sa tournée américaine de 1969. Il faut également citer Cocksucker blues, un film commandé par les Stones au photographe Robert Frank... mais ce film qui témoigne sans fard du mode de vie sex, drugs and rock'n'roll du groupe durant sa tournée de 1972, fut censuré... par Mick Jagger ! En 1982, Hal Ashby signait Let's Spend The Night Together, sur la tournée de 1981. En 2005, le Britannique Stephen Woolley réalise un film de fiction sur les Stones, plus particulièrement centré sur le destin de Brian Jones.
Près de vingt ans après One + one, Jean-Luc Godard filmait les répétitions d'un autre groupe, français cette fois : il s'agit des Rita Mitsouko, pendant l'enregistrement de leur fameux album No comprendo. Ces séquences font partie du long métrage Soigne ta droite sorti en 1987.
Le personnage d'Eve Democracy est interprétée par une des égéries godardiennes : Anne Wiazemsky, héroïne en 1967 de La Chinoise, qu'on a vue dans plusieurs autres films politiques du cinéaste suisse, tournés après Mai 68, comme Vent d'est ou Tout va bien (co-réalisé par Jean-Luc Godard). Petite-fille de François Mauriac, Anne Wiazemsky est également écrivain.
One + one marque la seizième collaboration (courts et longs métrages confondus) de Jean-Luc Godard avec Agnès Guillemot, sa fidèle monteuse depuis Le Petit Soldat en 1962. Ils travailleront une dernière fois ensemble pour un court métrage tourné dans le cadre du film à sketchs Evangile 70, sorti en 1969.