Avant de commencer, est-ce-que vous vous rendez compte que pour voir un truc correct à la télévision publique il faut attendre le lundi soir à minuit trente ? (enfin techniquement le mardi matin). Si la télé est payée par nos impôts c'est peut-être pour que lorsqu'il y a un truc correct que l'on puisse le regarder ! Bon heureusement c'est les vacances !
Voici un Godard assez connu que je n'avais pas encore vu, d'ailleurs France 2 a l'intelligence de diffuser la version de Godard (One + One) et pas la version des producteurs : Sympathy for de the Devil.
Alors pour être honnête j'en ai rien à foutre des Stones, je ne les écoute pas, je me fiche d'eux ! Et tant mieux, parce que Godard aussi. Il voulait faire un film sur les Beatles, ils ont refusé, qu'à cela ne tienne, on se rabat sur les Stones.
Je saluais la semaine passée comment Marker pouvait se faire petit pour rendre hommage à Signoret tout en restant très personnel. Ben là Godard fait l'inverse, il montre ce qu'il a envie de montrer avec les Stones et je vais faire son éloge pour les raisons opposées à ce qui m'avait fait aimer le Marker.
Non seulement Godard filme les séquences de répétitions du groupe, mais il va rajouter autre chose, quelque chose typiquement dans la veine du Godard de la fin des années 60 (la chinoise, Week End, Vladimir et Rosa, Vent d'est...). Des discussions politiques (d'un côté avec les faux Black Panther et de l'autre avec Anne Wiazemsky) et je trouve qu'il y a un équilibre génial entre les deux. C'est à dire que l'on a cette conception d'un morceau (que je ne connais pas, jamais entendu, je l'écouterai peut-être une fois pour voir ce que ça donne terminé), c'est lent, fascinant et de l'autre on a cette puissance politique.
J'aime beaucoup la façon avec laquelle Godard va vraiment donner vie à ces révolutionnaires, le discours des Black Panther, on s'y croirait. Et puis cette façon de tout faire en plan séquence, durant parfois plus d'une dizaine de minutes, de dire des choses pertinentes sur la société, sur le monde. C'est fascinant.
Après j'avoue avoir une préférence pour les scènes de répétition où là on a juste la caméra qui passe de l'un à l'autre (avec leurs têtes d'anglais, c'est affreux) qui répètent, qui recommencent, qui continuent, etc. C'est envoûtant. Et quelque part ça rend le film de Godard moins dense que ses autres films, ça permet de se poser, de respirer un peu, sans pour autant que ça soit moins beau ou moins intéressant.
Il y a un graffiti que j'ai beaucoup aimé il disait : "cinemarx". Comme si taguer "cinema" était déjà un acte révolutionnaire, j'aime beaucoup cette idée.
D'ailleurs c'est intéressant de voir Godard qui fait l'éloge du montage opter pour des plans séquences. C'est la seule fois où je l'ai vu composer un film avec uniquement des plans séquences. On a bien ce plan de Week End, quelques essais ici et là, mais globalement Godard excellent au montage, mais là pour filmer une répétition il a compris qu'il fallait l'inscrire dans la durée. On essaye, on recommence, on s'arrête.
Certains trouvent le film intéressant sur les Stones et révélateur de certaines choses. Perso je ne l'ai pas vu, mais en même temps je ne sais pas qui est qui. Mais tant mieux si ça peut faire regarder un Godard aux fans du groupe, ça leur changera.
En somme c'est vraiment bien, pas l'un des meilleurs, je l'ai connu plus inspiré dans les dialogues politiques (vent d'est pour ne citer que lui) mais c'est à voir !