Passionné par l'art depuis son enfance, notamment la musique, Tawfik Alzaidi a commencé à réaliser des courts métrages en 2006, avant même que les salles de cinéma ne soient ouvertes en Arabie Saoudite. Le réalisateur explique : "J’ai donc éprouvé le même sentiment que mes personnages, mais du point de vue d’un cinéaste qui fait des films alors qu’il n’y a pas d’endroit où les montrer. C’est ce parcours personnel qui m’a inspiré l’histoire de Norah, qui évoque la relation entre les êtres humains et l’art."
"J’ai toujours pensé que l’art était l’un des plus beaux moyens de communication entre les gens. Ma première idée a été de réaliser un film basé sur des sentiments réels. Mon objectif était de bâtir un long métrage que tout le monde puisse ressentir, et pas seulement regarder."
Le comédien Yagoub Alfarhan est ami avec Tawfik Alzaidi depuis des années. Ce dernier précise : "Et comme nous avons toujours discuté de l’idée de faire quelque chose ensemble, il n’y avait à mes yeux personne d’autre que lui pour incarner le personnage de Nader. Quant à celui de Norah, cela a été plus difficile. J’avais une image d’elle dans mon esprit mais je ne savais pas si j’allais réellement la trouver."
"Je crois qu’écrire des personnages, c’est d’abord écrire leur âme et ensuite chercher le corps qui enveloppe et représente cette âme. J’ai rencontré Maria Bahrawi deux semaines avant le début du tournage. Elle avait 16 ans à l’époque. Lors du casting, je ne lui ai pas du tout parlé du film, mais juste posé des questions sur sa vie. J’ai tout de suite reconnu en elle l’esprit de Norah."
Norah a été tourné dans la région de Al-Ula, qui compte de nombreuses formations rocheuses, ainsi que des zones désertiques extraordinaires, riches de secrets encore inexplorés. Tawfik Alzaidi raconte :
"Cette région est à l’image de l’histoire de Norah : elle se dévoile peu à peu mais reste chargée de mystère. Elle reflète aussi les protagonistes du film et leur relation nourrie d’une passion secrète pour l’art et la beauté."
L'histoire du film, avec son approche symbolique, pourrait se dérouler n'importe où dans le monde, en raison de l’universalité du conflit interne incarné par les deux personnages principaux. Tawfik Alzaidi développe : "L'histoire de Norah est une représentation de la vie telle qu'elle est : l'histoire de deux mondes qui se rencontrent. Je ne crois pas que le cinéma soit porteur de messages. Le cinéma est comme la littérature, les romans, la musique... Il véhicule d’abord des émotions."
"Chaque spectateur est libre de comprendre le film à sa manière selon sa sensibilité et le rapport émotionnel qu’il entretient avec lui. L'art existe dans chaque Saoudien de cette époque. Je n’ai fait qu’extraire ces émotions et cet art pour les mettre sur grand écran."
Norah a été présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024. Tawfik Alzaidi raconte : "Il était important pour moi de raconter cette histoire au monde entier, et le Festival de Cannes est le meilleur endroit pour la partager. S'il y avait eu un autre film saoudien sélectionné avant Norah, je n’en aurais pas été moins heureux car il s'agit d'une confirmation de la légitimité du cinéma saoudien au sein de l'un des plus grands festivals de cinéma au monde. Le fait que Norah ait ouvert cette porte me rend fier."
"Je suis également fier que nos histoires locales soient présentées au monde entier et que nos efforts aient été couronnés de succès ; maintenant il est temps de penser à l'étape suivante. J'ai toujours aimé faire du cinéma pour l’Histoire. J'entends par là des films qui résonnent dans le temps... et j'ai appris cela des films de Stanley [Kubrick]."