Adapté d'après le roman éponyme, (le premier à apporter une réponse aux meurtres de Jack l'éventreur) The Lodger témoigne à l'écran des débuts sanglants de ce tueur en série. Pour les cinéphiles épris d'Alfred Hitchcock, ce film amorce déjà une idée qui deviendra récurrente dans la carrière du réalisateur, à savoir que la sensualité féminine entraîne bien souvent le meurtre.
Il semblerait que la présence fugace d'Alfred Hitchcock soit (au départ) due à un manque d'effectif. Les acteurs se révélant trop peu nombreux pour ce premier film, le réalisateur aurait décidé d'apparaître lui-même en tant que figurant. Sa toute première apparition date donc de 1927 dans The Lodger: on peut d'abord l'apercevoir dans les bureaux du journal puis parmi la foule lors de l'arrestation du meurtrier.
Ce premier film (en réalité le troisième mais le seul à avoir été diffusé des premiers films du maître du suspense) annonce les grands thèmes qui obsèderont le cinéaste durant toute sa carrière. On y retrouve tous les ingrédients propres à son esthétique soit, le thème du faux coupable et son pendant, la culpabilité, les éclairages expressionnistes (qui fascineront dans Rebecca), l'humour, le traitement du temps (contraction et dilatation formant sans cesse un couple conflictuel, le chef-d'œuvre sur ce thème étant sans aucun doute Sueurs froides (Vertigo)!), et enfin les blondes bien sûr, et froides si possible (Kim Novak plane déjà sur le personnage interprété par Marie Ault). Bref, la "Hitchcock touch" a été posée!
Plusieurs critiques de cinéma ont noté la récurrence de symboles chrétiens dans le film. En effet, on remarque le crucifix de Mme Bunting (Marie Ault) puis l'ombre d'une fenêtre semblant former une croix sur le visage du locataire et enfin une dernière scène rappelant la descente du Christ de la croix.