La centaine de personnes au générique de L'Ennemi public n°0 a participé bénévolement afin que l’intégralité des recettes soient allouées à la Recherche internationale sur le gène Mecp2, chef d’orchestre de notre ADN, responsable du Syndrome de Rett (1ère cause de polyhandicap chez les femmes) et impliqué dans beaucoup de maladies (autismes, bipolarité, cancer du sein et du côlon,...). C’est la première fois qu’un film de cinéma a un tel modèle économique.
Le tournage s’est déroulé à l’aide de caméras immersives 360° qui ont filmé l’intégralité de chaque décor. La technique a été réduite au maximum pour permettre ce dispositif inédit. Entre “Action” et “Coupez” l’équipe technique devait laisser les acteurs seuls ! Les scènes ont dû chacune être tournées en plans-séquences (pas de coupes possibles).
Marc Lafaurie a déclaré en préambule de la première projection de L'Ennemi public n°0 au Marché du Film du 75ème Festival de Cannes : “Ce dispositif inédit nous a permis de vivre vraiment chaque situation, comme les personnages finalement. Nous n’avions pas l’équipe technique comme premier public. C’est un film sans filtre. C’est une drôle de sensation des deux côtés du miroir…Pour la première fois, les spectateurs sont vraiment aux premières loges. Ils deviennent acteurs de la situation dans le film et aussi dans la vraie vie car toutes les recettes du film permettront d’agir contre la première cause de polyhandicap chez les femmes”.
Le découpage des scènes s’est fait en post-production alors que traditionnellement celui-ci se fait en amont du tournage (storyboard). Cela a notamment permis d’adapter les choix d’axes et de mouvements de caméra au rythme naturel des acteurs et pas l’inverse.
Trois acteurs connus pour leurs rôles dans Plus Belle La Vie ont participé bénévolement au tournage de L'Ennemi public n°0.
Aurélie Vaneck est une “historique” du feuilleton avec plus de 1000 épisodes dans le rôle de Ninon, tandis que Jean-François Malet a commencé dans le rendez-vous quotidien des Français en faisant de la figuration avant d’obtenir un rôle récurrent grâce au soutien des téléspectateurs : le Brigadier Jean-François Leroux vivra ses aventures au commissariat du Mistral pendant près de 800 épisodes.
Enfin, Amalric Gérard, réalisateur de L'Ennemi public n°0, était présent dans les premières saisons qui réunissait alors plus de 6 millions de téléspectateurs chaque jour dans un rôle qui ne devait durer que quelques épisodes mais qui durera plus 200 épisodes… devenant à l’époque le personnage préféré des fans !
Le dispositif de tournage (équipe réduite, bénévolat, technique innovante) a permis à L'Ennemi public n°0 d’avoir une empreinte carbone plus de 300 fois inférieure à la moyenne pour un film français.
Pierre Bellemare a été le premier à accepter de participer bénévolement au projet. Le “pré-tournage” a commencé avec sa scène où il raconte une “histoire extraordinaire”. Ce n’est que deux ans après que le tournage officiel a pu commencer. Le temps pour Amalric Gérard de trouver une équipe de choc d’acteurs et de techniciens bénévoles.
Romain Bouteille est surtout connu comme l’inventeur du café-théâtre en France avec l’équipe du Café de la Gare : Coluche, Patrick Dewaere... Il a accepté de faire une apparition à contre emploi : un riche royaliste !
Alors que L'Ennemi public n°0 était prêt pour être présenté aux professionnels du cinéma au Marché du Film du 75ème Festival de Cannes, Amalric Gérard a dû trouver une bande son… originale ! Il a décidé alors de s’adresser à Katia et Marielle Labèque, le célèbre duo de pianistes, ainsi qu'au chanteur du groupe Razorlight, Johnny Borrell. Dans la famille Chedid, c’est Joseph qui lui a offert également sa chanson Guérir pour le générique de fin. Enfin, Goran Bregović (compositeur notamment des films d'Emir Kusturica) a accepté de signer la musique du film avec un thème enregistré par l'Orchestre National Basque à Saint-Sébastien quelques jours avant la projection. Le tout bénévolement !
Julia Roberts est dans L'Ennemi public n°0 même si elle n’a pas participé au tournage à proprement parler. Comment ? L'actrice luttait au début des années 2000 contre le syndrome de Rett (première cause de polyhandicap chez les femmes), notamment en allant en personne défendre cette cause devant le Congrès américain et en présentant un documentaire sur ce polyhandicap d’origine génétique. Elle a été sensibilisée à cette cause grâce à sa sœur Lisa qui lui a présenté un jour Abigail Brodsky, une petite fille atteinte du syndrome de Rett et que l’on aperçoit dans le documentaire Silent Angels de Barry Rinehart et dans L'Ennemi public n°0.
L'Ennemi public n°0 a été sélectionné dans une vingtaine de festivals internationaux et a obtenu 10 récompenses dont notamment Meilleure Comédie au Tokyo Film Awards (TFA) ; Meilleure Photo, Meilleur Montage au Kurdistan International Independent Film Festival (KIIFF) et Meilleur Film Expérimental (à l’unanimité) au San José International Film Awards (SJIFA).
Pour réduire au maximum les frais de production, le tournage a duré en cumulé moins de 10 jours.
La fille d'Amalric Gérard, Lou, présente en grandissant des signes de comportement du type TSA (troubles du spectre autistique). Au fil des années, elle perd l’usage de la parole et le diagnostic se précise : syndrome de Rett. Son père se renseigne et voit qu’il s’agit de la première cause de polyhandicap chez les femmes en France et dans le monde.
Le chercheur Sir. Adrian Bird, pionnier de la recherche en épigénétique, a identifié le gène responsable et a démontré la réversibilité de l’anomalie génétique. Il y a donc de l’espoir mais les financements ne sont pas suffisants.
Amalric Gérard se fixera dès lors comme objectif de récolter des dons pour la Recherche médicale. D’abord en créant la première association française exclusivement dédiée à financer les recherches de Sir. Adrian Bird. Puis en signant une comédie populaire, dont le sujet n’est évidemment pas le syndrome de Rett mais dont les recettes financeront la recherche.
Le réalisateur raconte : “C’est pour sensibiliser sans faire pleurer dans les chaumières et pour récolter des dons et des financements que j’ai voulu ce film. À chaque étape, il a fallu patiemment attirer des artistes et des techniciens bénévoles dans cette aventure humaine folle, innover techniquement aussi pour surprendre le spectateur afin d’offrir un spectacle drôle et généreux… et surtout très utile.”