Après un premier volet sorti en octobre 2022 et un deuxième en mars 2023, voici une nouvelle série de sketches sur le monde de l’après-Covid. Les deux premiers se déroulaient, confinement oblige, à l’intérieur ; celui-ci prend l’air comme son affiche l’annonce.
Son titre n’est pas clair. Signifie-t-il qu’après le Covid un nouveau monde est né, meilleur que celui d’avant comme nous fûmes nombreux à l’espérer, ou pire au contraire ? Ou bien, si le titre doit être lu comme une antiphrase, que rien n’a changé ?
Pour Laurent Firode, le Covid était tout au plus une grosse grippe qui a tué quelques vieillards qui seraient morts de toute façon quelques années plus tard. Cette menace grossie a conduit l’Etat à prendre des mesures liberticides, notamment l’obligation vaccinale, sans utilité sanitaire, dans le seul objectif d’enrichir les groupes pharmaceutiques : « On nous a obligés à nous vacciner parce qu’on allait mourir ; je ne me suis pas vacciné et je ne suis pas mort » lance l’un des personnages du deuxième sketch qui, quelques minutes plus tard, abandonnera sur le bord de la route un médecin « covidiste » blessé en lui faisant l’aumône d’un Doliprane et en lui rappelant que la consigne est d’éviter à tout prix l’engorgement des hôpitaux.
Cette réplique donne à penser. Elle a la beauté stylistique du parallélisme. Elle sonne aussi comme une évidence : toute personne qui ne s’est pas vaccinée contre le Covid et qui n’en est pas morte peut légitimement revendiquer être la preuve vivante de l’inutilité de la vaccination. Pour autant, cette affirmation de bon sens – ou son symétrique : « Je me suis fait vacciner et pourtant j’ai attrapé le Covid ; c’est la preuve que le vaccin ne servait à rien » – peut, si l’on s’en donne la peine, être réfutée en rappelant quelques principes de bases de virologie et d’immunologie.
Laurent Firode fait le pari, malin, de l’humour. Pari dont on sait l’efficacité depuis la commedia dell’arte, Molière et son Castigat ridendo mores. Cette technique consiste à outrer le comportement de ceux qu’on vise à ridiculiser : influenceuses vegan et néo-rurales qui exigent d’un coq qu’il arrête de chanter, actrice sur le retour qui espère se faire de la publicité en défendant la cause d’une Iranienne emprisonnée, angoissée climatique aisément manipulable pour participer à des actions violentes, "sensitivity reader" qui passe à la moulinette des textes prétendument offensants au risque de les dénaturer, etc.
Le pari est en partie réussi car certaines situations et certaines réparties sont franchement drôles. Mais cette charge en règle covido-sceptique, antivax, climato-sceptique contre le monde actuel et les travers qu’on lui trouve – l’accent mis sur la défense de la planète, l’égalité des sexes, le principe de précaution… – n’en reste pas moins nauséabonde. Et les sarcasmes qu’on entend dans la salle, doublés des commentaires étouffés qui s’y murmurent, ne donnent pas envie de sympathiser avec les autres spectateurs.