Personnellement j'ai adoré le film (même si j'aurai un certain nombre de petites critiques) parce qu'il nous fait pénétrer dans un milieu qui reste assez mystérieux: le fonctionnement du marché de l'art, des grandes maisons de vente aux enchères à la Christie's. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu un film se déroulant dans ce milieu!
Et on imagine aisément que quand on manipule des sommes aussi folles, on tombe facilement dans la mégalomanie... Ainsi, le héros, André Masson (comme le peintre...) qu'Alex Lutz, vraiment excellent, arrive à rendre prodigieusement intéressant. Il a réussi à se faire une belle place au soleil, et, arrogant, il en étale: belles voitures anciennes, collection de montres de prix... Presque odieux!!
Le scénario s'inspire donc d'une histoire vraie: un tableau d'Egon Schiele, Les Tournesols, inspiré par Van Gogh, considéré comme disparu depuis la deuxième guerre mondiale, est retrouvé par l'intermédiaire d'une avocate de Mulhouse (Nora Hamzawi) dans un modeste pavillon, où vit une veuve (Laurence Cote) et son fils, Martin (Arcadi Radeff) un jeune ouvrier qui travaille la nuit dans l'industrie chimique, et qui découvre une photo du tableau dans un journal d'art qu'il a feuilleté un peu par hasard..
Le pavillon ils l'ont acheté en viager, sans se douter que le propriétaire, bon collabo, avait reçu comme cadeau des nazis ce tableau volé.
Bien sûr quand André, en compagnie de son ex-épouse, Bertina (Lea Drucker) vient voir le tableau, il s'attend à être en face d'un faux plus ou moins grossier... Et là, petite scène intéressante et très juste sociologiquement, leur stupéfaction et leur bonheur se traduit par une crise de fou-rire, que Martin, sa mère, et leur avocate, prennent pour moquerie et mépris...
Maintenant, ce tableau, il faut le négocier, et c'est le côté vraiment passionnant du film.
Retrouver les descendants du propriétaire juif spolié, aux Etats Unis. Passer un arrangement avec eux pour qu'ils ne choisissent pas de le vendre à n'importe quel prix. Déjouer les ruses de concurrents qui veulent faire croire que l'oeuvre a été détériorée et ne vaut pas grand chose. Convenir d'une somme à donner en dédommagement à Martin et à sa mère (l'honnête Martin ne veut rien avoir à voir avec ce tableau issu de l'ignominie)
On suit tout cela avec beaucoup d'intérêt. Mais comme cela ne suffirait pas sans doute à faire un film grand public, on y a ajouté un personnage, Aurore (Louise Chevillotte, excellente aussi), la stagiaire dont André a hérité, complètement mythomane... et tout à fait rétive aux enseignements de son patron: sourire, mentir, compatir... Le client est roi, et la seule chose importante, c'est de réussir la vente! Tandem tout à fait incompatible et qui ne devrait que mal finir.
Mais Aurore sait plus de choses qu'on ne l'imagine. Son père a lui même été un marchand d'art ruiné par des concurrents malhonnêtes.. C'est Alain Chamfort qui est lui aussi très bien; que n'est il passé au cinéma plus tôt!! Je recommande donc vivement ce film vif, bref, juste, documenté, qui nous emmène dans un milieu où le cinéma ne nous emmène pas très souvent.
En pré-générique, quelques minutes hilarantes avec une richissime vieille cliente abominablement raciste...
Je voudrais aussi signaler la présence au générique d'Olivier Rabourdin, qui se fait rare maintenant, le tout puissant patron de la société de vente aux enchères..;