Beineix signe avec Diva un film qui, comme à son habitude, séduit par son élégance, son raffinement, son esthétique soignée. Diva est en effet un film très beau visuellement, avec des éclairages travaillés, une mise en scène pleine de trouvailles et volontiers alambiquée (mais toujours dans le bon sens du terme), des décors élégants, le tout servi par une bande son forcément pleine d’emprunt à l’art lyrique. Le film saura ravir les esthètes, et les amateurs de films d’atmosphère, puisque Diva et sur ce plan une petite réussite.
Le casting est plaisant lui aussi. Présence charismatique de Fernandez, bien que finalement elle tienne un rôle secondaire ; bel prestation d’un Frédéric Andrei peu connu mais à sa place dans ce rôle. Néanmoins, il est vrai qu’il se fait voler la vedette par un lot de seconds rôles haut en couleur, de Richard Bohringer au duo Darmon-Pinon, en passant par cette piquante actrice asiatique, Thuy An Luu, qui s’étant essayait au cinéma et à la chanson n’a percé dans aucun de ces deux arts. Bon casting au service de personnages intéressants, avec du relief, et que le film prend le temps de dégrossir ou, pour les méchants par exemple, prend le temps de singulariser.
Le scénario est solide, même si c’est là qu’il y a quelques aspérités. Diva souffre peut-être d’une intrigue au bout du compte un peu décevante compte tenu de ses ambitions esthétiques. On est sur une histoire digne d’un petit polar urbain des années 80, seulement vu que tout est à une autre hauteur, on reste un peu sur sa faim par rapport à cette intrigue un peu conventionnelle. Malgré cela, le film dure presque 2 heures sans ennuyer, grâce à une construction solide, à des séquences bien conduites, à des scènes fortes et de bons dialogues. Honnêtement, Diva reste accrocheur, mais l’histoire des ripoux devient pour ainsi dire secondaire devant l’ensemble.
Aussi, mieux vaut voir ce film pour son esthétique et ses acteurs que pour son intrigue policière. Le canevas est suffisant pour saisir le spectateur, mais une histoire de série B pour un film de ce gabarit, c’est surprenant. Je ne bouderai toutefois pas mon plaisir, et je continue à penser un certain bien de Beineix avec ce métrage. 4