Tombés du camion est un projet qui est en développement depuis plusieurs années. Au début, l’histoire se déroulait à Marseille dans le milieu de la pègre avec un personnage trentenaire et un quiproquo énorme (l’enfant, que l’on imaginait être un clandestin, était en réalité un enfant victime d’un rapt). "Ce qui générait une double lecture et donnait lieu à une structure narrative plus complexe."
"Mais j’ai un peu de mal avec le monde de la pègre marseillaise, et nous n’avons pas réussi à aboutir cette histoire, qui a évolué au fur et à mesure : le héros est devenu un marin-pêcheur sexagénaire du Nord pas de Calais qui perd son emploi et qui n’a d’autre choix que s’engager dans une entreprise illicite pour payer les réparations de son chalutier", confie Philippe Pollet-Villard. Le cinéaste poursuit :
"La seule chose qui est restée du premier scénario était cette arnaque à la ruse, avec cette fausse prostituée. Cette idée-là est la même depuis des années, et c’est assez typiquement le genre d’histoire que l’on trouve dans les faits divers."
Tombés du camion a été tourné à Boulogne-sur-Mer et ses environs, une région où il y a beaucoup de migrants qui tentent de traverser la Manche : "Il est difficile, même en faisant beaucoup d’efforts, d’imaginer ce que vivent ces gens qui peuvent perdre un enfant en route. Cela plonge le film dans une forme d’aventure existentielle", précise Philippe Pollet-Villard.
Dans le cadre du développement du scénario, les producteurs ont proposé à Philippe Pollet-Villard de travailler avec Allan Maudiuit, dont le réalisateur avait apprécié l'un de ses films : Rebelles : "Ses personnages étaient assez proches des miens, et il m’a semblé qu’il était sans doute la bonne personne pour m’aider à faire évoluer cette histoire. Thibault est un proche d’Allan, et il a rejoint l’équipe, pour les 8 derniers mois d’écriture."
Philippe Pollet-Villard explique pourquoi il a choisi Patrick Timsit dans le rôle de Stan : "Quand son nom a été évoqué, j’ai tout de suite percuté. Patrick Timsit est quelqu’un qui m’a toujours plu d’abord parce qu’il ressemble à mon père, je ne le lui ai jamais dit. J’ai toujours pensé, senti, que c’était un type bien. Autre coïncidence troublante : le premier roman que j’ai écrit L’Homme qui marchait avec une balle dans la tête était inspiré de la vie d’un gangster nommé Jean Pierre, que j’ai bien connu et à qui Patrick ressemble également."
"Ils ont la même voix. Bref tout cela pour dire que nous nous sommes bien entendus immédiatement. Quand je l’ai vu assis dans mon canapé je me suis dit : voilà, c’est Stan. Et il m’a dit oui immédiatement."
C’est la directrice de casting Valérie Espagne qui a trouvé Saaden Sada Balius, l'interprète du petit garçon : "Il était déjà acteur. Comme il n’est pas afghan, il lui a fallu dire son texte avec un léger accent où se mêlent l’afghan et l’anglais."
Le metteur en scène explique au sujet du personnage de Françoise, interprétée par Valérie Bonneton : "Je connais des couples, plutôt issus du milieu rural, qui ressemblent beaucoup à Stan et Françoise. Le mari est un bon toutou un peu rustaud, qui aboie souvent, qui a ses humeurs. La femme est bien plus intelligente et sophistiquée que lui. Elle joue le jeu en permanence de s’accommoder de cet homme qui, quelque part, est resté un enfant qui a toujours besoin de sa maman et elle le sait. Bon, il parle fort mais il la fait rire. Il y a malgré tout un amour vital entre eux. Françoise n’échangerait son Stan contre personne."
Philippe Pollet-Villard s'est beaucoup documenté sur le milieu des marins-pêcheurs pour les besoins de Tombés du camion. Le réalisateur explique : "Ils vivent une situation plutôt catastrophique. Il y a aujourd’hui des bateaux plateformes qui pêchent en une journée ce que pêche un chalutier en deux ans et qui revendiquent une activité équitable alors qu’ils ne relâchent que des poissons morts. En outre, le Brexit a créé des zones de pêche compliquées. Je me suis beaucoup intéressé à ce sujet et j’ai d’ailleurs développé cette histoire avec une autre narration autour du personnage principal, dans un livre qui s’intitule Le Naufrage de Stanislas."