Un Monde merveilleux a été présenté dans de nombreux festivals en France comme ceux de Saint-Jean-de-Luz, Sarlat ou Mâcon, mais aussi à l’international, à l’image du Festival Fort Lauderdale (USA), du Hong Kong et du Singapour French Festival…
Si Giulio Callegari a beaucoup écrit pour le cinéma et la télévision, il signe avec Un Monde merveilleux son premier long-métrage.
Ce n’est pas la première fois que Giulio Callegari et Blanche Gardin travaillent ensemble. Le réalisateur a co-écrit le film à sketchs Selfie(2019), dans lequel l’actrice campe l’héroïne de l’une des sections, "Vlog".
C’est une vidéo provenant du MIT aux États-Unis qui a inspiré Giulio Callegari pour Un Monde merveilleux. On y voit un robot buguer, envoyer tous les objets aux quatre coins du laboratoire avant de finalement chuter sur le sol. Le cinéaste confie à ce sujet : "Ça me rappelait les bugs de la machine à manger des ouvriers dans Les Temps modernes de Chaplin. Il y avait soudain quelque chose de très humain dans ce robot qui ne marchait pas, et de profondément burlesque dans la confrontation humain/machine. J’y ai tout de suite vu un personnage comique fascinant."
Pour son long-métrage, Giulio Callegari a puisé dans la complicité enfant/adulte de Gloria de John Cassavetes avec Gena Rowlands, ainsi que dans Paper Moon de Peter Bogdanovich. En outre, il s’est amusé avec les codes du buddy-movie ainsi que des comédies de Francis Veber avec Pierre Richard.
Si le réalisateur a d’abord pensé T-O le robot de manière très mécanique, il s’est ensuite inspiré des techniques du clown et du masque qu’il avait appris en stage. Son but ? Le rendre attachant, sans pour autant l’humaniser.
Pour se documenter en amont de l’écriture, Giulio Callegari a puisé dans les recherches de Serge Tisseron (psychiatre, fondateur de l’Institut pour l’étude des relations homme/robots) sur la robotique. Le médecin y aborde notamment l’empathie que peux ressentir un humain pour une machine, et c’est ce thème précis qui a suscité l'intérêt du cinéaste.
Les actrices choisies pour doubler T-O et les autres robots sont Angélique Flaugère et Lucie Guien, qui avaient déjà joué des robots au théâtre dans Les Contes et Légendes de Joël Pommerat. Le réalisateur a ensuite masculinisé la voix de T-O, pour qu’elle entre en opposition avec celle, plus humaine, de Blanche Gardin. Selon les propos de Giulio Callegari : " Il fallait trouver le bon dosage pour que cette voix ne sonne pas trop enfantine ou artificielle et reste relativement neutre".
T-O et les autres robots ont été créés par l’Atelier 69, avec des actrices fines et petites pour qu’elles puissent jouer dans des costumes sans que le rendu ne paraisse trop imposant.
Le tournage étant intense, Giulio Callegari a adapté le découpage de son film en fonction des comédiennes incarnant les robots, afin qu’elles puissent un peu respirer entre deux scènes. Il a ainsi évité les plans trop longs, et les plans serrés nécessitaient aux actrices seulement un demi-costume. Enfin, Blanche Gardin et les deux comédiennes Angélique Flaugère et Lucie Guien devaient porter des oreilles pour s’entendre mutuellement.
L’univers que traversent les personnages convoque directement l’esthétique très artisanale de Michel Gondry ou Spike Jonze. Ainsi, le réalisateur n’a pas eu recours à des effets numériques pour les costumes du robot, qui ont été confectionnés à la main. En outre, il n’a pas voulu montrer un univers trop futuriste. D’une part par manque de moyens financiers, d’autre part parce que, d’après Giulio Callegari : " Le progrès s’observe d’abord dans l’espace domestique, consumériste, bien avant l’espace public, nos biens communs." Ainsi, les transports et les établissements municipaux demeurent délabrés.
Si Blanche Gardin joue dans Un Monde Merveilleux, elle a également apporté à Giulio Callegari ses talents d’autrice, puisqu’elle a retravaillé le scénario avec lui.
La plupart des acteurs secondaires viennent non pas du cinéma, mais de la scène, à l'image d'Arnaud Aymard et Fred Blin, que le réalisateur a rencontré en travaillant chez Radio Nova, de Delphine Baril, pour qui il écrivait sur Canal Plus et d'Augustin Shackelpopoulos, qu’il a repéré dans son spectacle.
La musique du film a été composée par William Serfass, qui a utilisé un instrument de musique haïtien, le steelpan, une sorte de cuve en métal sur laquelle on tape et qui a été remis sur le devant de la scène par le chanteur Jamie XX.
En plus des teintes froides dominantes, Giulio Callegari et son chef opérateur Aurélien Marra ont privilégié des optiques vintage, pour contrebalancer avec le côté trop aseptisé du décor et apporter du grain à l’image.
Pour contrebalancer l'aspect mécanique des robots, Giulio Callegari a souvent eu recours à la caméra à l’épaule, notamment pour les scènes d’action. Les comédiennes dans le robot ne pouvant se déplacer rapidement, l’équipe a utilisé un petit artifice pour accélérer leur démarche : un travelling avant.
Certaines scènes avec les robots ont été tournées dans l’espace public avec de véritables passants en guise de figurants… pour le moins étonnés !