Ce film est présenté en Séance de Minuit au Festival Cannes 2024.
Les Femmes au balcon est le second long-métrage de Noémie Merlant en tant que réalisatrice, après Mi iubita mon amour, qui avait fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes en 2021, en séance spéciale et en compétition pour la Caméra d’Or. Par ailleurs, elle a signé également des clips et deux courts-métrages, Je suis #unebiche dans le cadre du Nikon Film Festival en 2017 et qui avait reçu le prix Canal+, et Shakira(2019).
Comme dans Mi Iubita mon amour, Noémie Merlant fait également partie du casting des Femmes au Balcon, en plus d’en être la réalisatrice. Un choix délibéré de sa part, d’après ses propos : "J’avais tellement préparé mon personnage dès l’écriture que je savais où il fallait que j’aille dans chaque scène, donc je m’autorisais des choses plus exubérantes. Et puis quand je jouais, je sentais le film de l’intérieur, et j’osais aller là où je n’aurais jamais imaginé emmener des comédiens avec ma seule casquette de réalisatrice."
Si Mi iubita mon amour avait été tourné en deux semaines plus ou moins en amateur, Les Femmes au Balcon a nécessité plus de moyens. C’est la raison pour laquelle elle s’est entourée d’une équipe fidèle, afin d’atténuer la pression du tournage comme Pierre Guyard, le producteur de son premier long-métrage ainsi qu’Armance Durix au son et Evgenia Alexandrova à l’image, avec qui Noémie Merlant est amie.
Dans Les Femmes au Balcon, Noémie Merlant conjugue plusieurs genres cinématographiques a priori opposés : la comédie, l’horreur, le fantastique sur fond de violences sexistes et sexuelles. Elle qualifie ainsi son film de "farce punk" tout en "dénonçant des oppressions patriarcales".
Sanda Codreanu, qui joue Nicole dans le film, est une amie de Noémie Merlant dans la vie. C’est chez elle qu’elle a habité pendant plusieurs mois, après une situation personnelle compliquée. Elle a alors vécu chez Sanda Codreanu, avec les sœurs de cette dernière. C’est en constatant que le voisin d’en face les observait que la réalisatrice a eu l’idée de son film, comme elle l’explique : "Un mec habitait en face – rien à voir avec le voisin dans le film – , on le voyait nous regarder, il était curieux de notre liberté, de la nudité qu’on s’accordait entre nous, qui n’était pas une nudité de séduction, mais plutôt celle de la confiance retrouvée, des corps qui se relâchent."
Noémie Merlant a commencé à écrire son film seule, il y a quatre ans. Elle a ensuite retrouvé Céline Sciamma pour co-écrire le scénario, qui l’avait faite tourner dans Portrait de la Jeune Fille en Feu (2019).
Noémie Merlant a souhaité laisser une marge de liberté à ses actrices devant la caméra. Ainsi, quand le personnage de Nicole dit : "Je préfère me tromper avec une idée à moi qu’avoir raison avec celles des autres", il s’agit d’une improvisation totale de la part de Sanda Codreanu, mais qui colle à la manière de penser de la cinéaste.
Si Les Femmes au balcon traite du viol, que Noémie Merlant a d’ailleurs subi durant sa carrière de mannequin, il aborde également le thème plus rare à l’écran du viol conjugal, à travers le personnage d’Élise. La réalisatrice espère ainsi une prise de conscience sur ce fait de société encore trop peu compris trop souvent dédramatisé.
Le personnage d’Élise, actrice, arrive en costume de Marilyn Monroe chez ses amies Ruby et Nicole. Une manière pour Noémie Merlant de réhabiliter la star hollywoodienne, en faisant un parallèle symbolique avec son personnage, comme elle l’explique : "Dans mes rêves je vois Marylin retrouver ses copines, dans un cocon où elle peut se sauver, être en vie et petit à petit se libérer de cette figure absolue qui l’empêche d’être elle-même. Voilà le chemin d’Élise et il me touche profondément. Marilyn existe seulement par le désir masculin, elle a été façonnée par lui et pour lui. C’était donc amusant et exutoire de jouer avec cette figure-là."
Pour Les Femmes au Balcon, la réalisatrice a convoqué sa cinéphilie et a puisé dans les univers de Pedro Almodovar, mais aussi Quentin Tarantino et son Boulevard de la mort, mais également les films gores qu’elle regardait avec sa petite soeur quand elle était jeune. En outre, elle s’est inspirée de The Strangers ou The Chaser de Na Hong-jin ou du très trash Ichi the Killer de Takashi Miike, ainsi que de Les Petites Marguerites de Vera Chytilova, en terme d’esthétisme. Enfin, elle a demandé à son actrice, Sanda Codreanu de s’approprier le jeu de Whoopi Golberg dans Ghost, pour son côté burelesque.