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    Juliette au printemps
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Juliette au printemps" et de son tournage !

    Adaptation d'une BD

    Juliette au printemps est adapté du roman graphique de Camille Jourdy, Juliette, les fantômes reviennent au printemps (Actes Sud Bd). Blandine Lenoir confie : "C’est une bande dessinée très riche qui aborde beaucoup de sujets : la dépression, la place qu’on occupe dans une famille sans parvenir à la déplacer malgré les années, la pudeur, l’amour, la sexualité, le deuil, la maternité… C’est du quotidien traversé par la tragédie, et tout ça, avec beaucoup d’humour !"

    "Je suis tombée sous le charme de cette histoire riche en dialogues sur une famille qui ne parvient pas à communiquer, et des personnages de Camille Jourdy, très bien dessinés (à tout point de vue !), fantaisistes et désespérés, pétris d’imperfections. J’ai eu immédiatement beaucoup de bienveillance et de tendresse pour eux, et j’ai eu envie de m’en emparer pour les emmener dans mon univers, qui n’est pas si éloigné du sien."

    Travail d'adaptation

    Blandine Lenoir a d’abord travaillé avec Maud Ameline sur la structure du scénario, précisant les enjeux des personnages et l’avancée du récit, pour quitter l’aspect "chronique" de la bande dessinée. La cinéaste précise : "Je suis allée gratter sous les dessins pour en faire surgir les séquences qui affleuraient, y ajouter mes envies de cinéma… Je me suis sentie très libre dans cette adaptation, grâce à la confiance de Camille Jourdy."

    "D’ailleurs, quand elle a lu le scénario, elle ne savait plus ce qui venait d’elle ou de moi ! C’est naturellement que ses personnages ont rencontré les miens, comme des cousins éloignés qui se reconnaissent. J’ai invité ensuite Camille à écrire les dialogues avec moi, d’autant plus que des passages entiers de la bande dessinée ont été conservés. Ça a été une écriture très joyeuse."

    Dépression

    Après la ménopause dans Aurore et l’avortement dans Annie colère, Blandine Lenoir s'attaque, dans Juliette au printemps, à la thématique de la dépression : "Au-delà de la dépression, le sujet du film est la difficulté à aborder son mal-être en famille, ce premier geste instinctif d’aller chercher du réconfort auprès de ceux qu’on pense connaitre par cœur, et ce chagrin de ne pas parvenir à se faire comprendre. Juliette aimerait retrouver le soulagement du petit enfant qui chasse son chagrin en étant dans les bras de ses parents. Hélas, adulte, la consolation est plus difficile à trouver…"

    "Juliette a vécu un choc dans son enfance qu’elle a oublié. Un chagrin familial, parfois ça rassemble, parfois non. J’ai essayé de faire entendre chacune des « voix » de l’histoire de cette famille coincée dans le tabou (celle de Marylou, sa grande sœur, celle de Juliette, celle de leurs parents, mais aussi celle du spectateur et de la spectatrice) pour aboutir à une odyssée commune, celle de la difficulté à dépasser la douleur", explique la réalisatrice.

    Qui pour Juliette ?

    Juliette au printemps est porté par le personnage de Juliette, joué par Izïa Higelin. Blandine Lenoir justifie ce choix : "Parce que son personnage est « empêché », j’ai demandé à Izïa de retenir son énergie magnifique, mais on la sent présente, prête à s’exprimer. Izïa a quelque chose de l’enfance intact, une grande sensibilité, la force et la fragilité réunies. Avec son sourire quasi juvénile et ses grands yeux curieux, elle m’est apparue idéale pour incarner Juliette, une jeune femme qui s’est « arrêtée » dans l’enfance, comme paralysée par le traumatisme."

    "Etant musicienne, Izïa saisit immédiatement le rythme des dialogues. D’ailleurs, je me rends compte que je travaille souvent avec des musicien·ne·s (Agnès Jaoui, Rosemary Standley, Thomas de Pourquery…)."

    Juliette illustratrice

    Si, dans le film, Juliette dessine beaucoup compte tenu du fait qu'elle est illustratrice, le personnage n'a pas de métier dans la bande-dessinée. Blandine Lenoir a eu envie d'opérer ce changement pour différentes raisons : "Bien sûr, c’est d’abord une façon d’introduire Camille dans le film, et j’avais envie de filmer ce crayon qui se déplace et avance sur le papier. Assister à l’apparition du dessin est assez magique. Mais c’est aussi un outil scénaristique précieux : ces moments de dessin sont importants car ce sont ceux durant lesquels Juliette est calme, apaisée."

    "On la voit faire poser ses proches, une façon pour elle de mettre en scène sa famille, de les représenter autrement, de se les approprier, mais aussi de leur parler. Car le nœud de l’affaire, c’est qu’ils ont tous beaucoup de mal à exprimer leurs sentiments. Cela passe donc plus par les images que par les mots entre eux ! C’est aussi pour ça que j’ai eu cette idée de fabriquer un film animé par Charlie Belin, avec les dessins de Camille pour le cauchemar de Juliette. Ainsi, on est complètement avec elle", raconte la cinéaste.

    Retrouvailles

    Bertrand Belin, auteur-compositeur-interprète, a composé la bande-originale de Juliette au printemps. Pour l'occasion, il retrouve Blandine Lenoir, qui se rappelle : "Nous nous sommes rencontrés adolescents, Bertrand et moi. C’est une vieille amitié et une collaboration de longue date : il a composé la musique de mes dix courts métrages et de mes quatre longs métrages. Concrètement, Bertrand lit le scénario bien avant le tournage, et nous en discutons. Dès l’écriture, j’incorpore des séquences uniquement musicales, qui sont des respirations dans mes films très dialogués, mais aussi des outils pour entrer dans l’intimité des personnages."

    "Pour ces séquences, Bertrand m’a livré des thèmes, la « petite musique » de Marylou et la « petite musique » de Juliette, nos deux personnages principaux : autant de mélodies qui nourrissent le montage des images. Et puis, au fur et à mesure que le film se construit au montage, Bertrand nous rend visite, repart avec des séquences inabouties, nous les ramène accompagnées de musique. Et tandis qu’avec ma monteuse Héloise Pelloquet, on monte, on coupe, on arrange, Bertrand ne cesse de faire des allers retours entre son studio d’enregistrement et la salle de montage (et c’est très concret puisque ces deux lieux sont séparés par 300 mètres !)."

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