La Fleur de Buriti est ancré dans la conception du cinéma de João Salaviza et Renée Nader Messora, qui voient cet art comme une pratique qui permet non seulement de raconter des histoires, mais aussi de penser. Les cinéastes expliquent : "Avec ce nouveau film, nous souhaitions réfléchir à la relation entre le peuple Krahô et la terre. La violence subie par les Krahô au cours des derniers siècles n’a cessé de modifier leurs rites et leurs pratiques pour protéger cette terre."
"Celle-ci a non seulement une valeur supérieure à leurs yeux, mais elle est aussi et surtout une condition primordiale pour que la communauté puisse vivre avec dignité et exercer pleinement sa culture. Le film relate les tensions qui existent entre les communautés autochtones et les villages voisins, mais il convoque également tout un imaginaire poétique lié à la mémoire collective des communautés, à leurs rêves, leurs mythes ou encore leur rapport fascinant à l’invisible."
"Tout cela constitue une toile de fond complexe qui imprègne le film et nous permet de réfléchir, très sensoriellement, à la manière dont les Krahô organisent leurs récits. Ils élaborent leur histoire selon leurs propres concepts, leurs propres principes et leurs propres mots."
L'importance des peuples autochtones pour la planète ne réside pas seulement dans la sauvegarde de leurs connaissances ancestrales, mais aussi dans les enseignements qu'il est possible de tirer de leur lutte. João Salaviza et Renée Nader Messora confient : "Si leur histoire est singulière, nous sommes convaincus que les défis auxquels les peuples autochtones sud-américains comme les Krahô font face aujourd’hui, résonnent sur tous les continents. Au Brésil, le bolsonarisme a été un véritable massacre, tant du point de vue de la destruction des peuples et de leurs droits que dans la surexploitation et la ruine de leur terre."
"Les formes de violence qu’ils ont subis seraient capables d’anéantir des nations entières mais chez les Krahô, cette oppression a toujours généré en retour une formidable résilience, qui se réinvente quotidiennement et dont nous voulions témoigner."
Le film a obtenu le Prix d'Ensemble dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023.
Le film se déroule sur trois époques distinctes, elles-mêmes centrées sur un événement marquant de l’histoire de ce peuple : un massacre de Krahô perpétrés par des agriculteurs cherchant à s’accaparer leur terre en 1940 ; une expérience traumatisante pendant la dictature militaire initiée en 1964 ; et enfin, de nos jours, l’avènement d’une nouvelle génération de leaders indigènes, dont le combat devient plus politique et universel que jamais.
Pour poser un regard sur le passé de cette communauté, João Salaviza et Renée Nader Messora ont recueilli de nombreuses histoires au fil des années et des longues périodes passées parmi les Krahô. Ils racontent : "La mémoire résiste, partagée par la communauté, et c’est précisément ces souvenirs que nous souhaitions relater. Dans ces récits, la lutte pour la terre prévaut toujours, même si les outils pour mener cette résistance ont évolué."
"La dernière partie du film, contemporaine, fait écho au dicton 'plus jamais un Brésil sans nous'. Elle témoigne de l’évolution du combat des Krahô. D’une lutte armée, il s’est mué en un combat politique par la présence de membres de peuples autochtones dans les sphères institutionnelles. Cette présence permettant non seulement d’alerter publiquement sur le sort des communautés indigènes au Brésil, mais aussi de témoigner de la relation symbiotique entre les Krahô et la terre."