Armel Hostiou a appris par le biais d'un ami qu'il existait sur Facebook un deuxème profil à son nom, avec ses photos et un faux CV. Ce compte n’avait que des amies femmes habitant toutes à Kinshasa et publiait régulièrement des annonces de casting pour des films que Hostiou était censé réaliser au Congo. Le principal intéressé a contacté Facebook pour usurpation d'identité : "Deux semaines plus tard, je reçois une réponse de leur part me disant qu’ils ont bien reçu ma requête mais qu’il ne s’agit pas d’un faux profil et que la page ne serait pas clôturée. Comme je n’avais jamais mis de photo de moi sur mon profil, alors qu’il y en avait plein sur celui de l’autre, pour l’algorithme qui devait traiter ce genre de demande, le faux paraissait donc bien plus vrai que le vrai..." Il a vu dans cette situation le début d'un scénario de film "mi-absurde mi-fantastique, avec une dimension kafkaïenne puisque la situation laissait entendre que si l’autre moi n’était pas le faux, et bien le faux c’était moi !"
Armel Hostiou a décidé de se rendre au Congo, où il n'était jamais allé, pour rencontrer son double. Il lui fallait un visa, qu'il pouvait obtenir en étant invité. Il est alors entré en contact avec une résidence d’artistes à Kinshasa, Ndaku Ya La vie est belle, qui lui a permis d'avoir ce visa. "Je suis parti avec un ami ingénieur du son, Amaury Arboun, mais sans le moindre financement, ne sachant même pas si ce voyage pourrait donner lieu à un tournage. C’est une fois sur place que j’ai rapidement compris que mon intuition était la bonne et qu’il y avait effectivement là matière à faire un film."
Une fois sur place, il a expliqué la raison de sa venue : "Personne n’a été surpris, car beaucoup d’entre eux avaient déjà été victimes d’arnaques sur internet. Les gens avec qui je vivais ont été plutôt amusés par mon histoire et ont décidé de m’aider à retrouver mon double. Très vite, une petite équipe s’est constituée, avec en tête Peter Shotsha Olela, le manager du lieu, mais aussi Sarah Ndele, une des artistes et Elie Mbansing, à qui j’ai confié la seconde caméra."
Si le point de départ du film est une enquête, Le Vrai du faux joue avec les codes cinématographiques et la recherche devient progressivement un prétexte. "Le film nous emmène ailleurs, vers des questions plus politiques et existentielles, même si elles sont traitées avec un humour souvent absurde. Cela donne un film qui joue avec plusieurs genres : la comédie, le policier, le thriller, mais un thriller qui dérive, sans perdre son cap. Pour l’enquête, il ne s’agissait jamais d’être dans une position surplombante ou de juger, mon optique était toujours de comprendre", explique Armel Hostiou.
Fondée en 2018 par le plasticien Eddy Ekete Mombesa, la coopérative « Ndaku ya la vie est belle » (littéralement « Maison de la vie est belle ») est un lieu pluridisciplinaire et multi-générationnel situé au cœur du quartier de Matonge à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Plusieurs artistes se sont réunis dans ce lieu d’inventivités inédit pour valoriser le patrimoine historique, culturel et artistique de leur ville, à l’échelle locale et nationale, mais aussi miser sur le potentiel économique de l’industrie créative du pays.