« La Révolution Française » est un grand film, par sa durée et par la qualité de sa réalisation. J’ai pu enfin me procurer les deux DVD. Ce fut long à trouver, mais maintenant ces deux films ont leur place dans ma dévéthèque. Deux films, double réalisation et une distribution doublement internationale. Ce sera mon petit bémol, moi qui ne vois ou savoure les films qu’en VO, celui-ci malheureusement comporte des doublages ! Je suppose que ce projet gigantesque est le fruit d’une longue négociation où des intérêts d’ordre international s’imposaient pour célébrer cinématographiquement le bicentenaire de la Révolution Française. Jane Seymour, Klaus Maria Brandauer, Sam Neill par exemple n’étaient pas trop mal doublés, mais quand même ne pouvait-on pas trouver un autre acteur bien Français pour jouer La Fayette ?! Si vous voyagez aux Etats-Unis, il y a quelques satues de notre héros Français qui décorent quelques squares. N’y avait-il pas moyen de trouver une allemande bilingue avec un accent pour jouer Marie-Antoinette ? Par contre, faire jouer Danton par un allemand... Sans commentaire. Dommage. Il est vrai que le film ne pouvait être qu’en un seul langage : Français. Car il aurait été ridicule d’entendre Danton s’exprimer en allemand, La Fayette en austranglais ! Le doublage était correct, je l’avoue. Autrement, pour qui connaît l’Histoire et la Révolution Française en particulier, le film me paraît fidèle aux évènements. Si des personnages sont survolés, d’autres évidemment sont peints avec beaucoup de minutie comme Robespierre par exemple. On sent sa progression. Personnage en début de film assez discret puis petit à petit celui-ci prend du volume, de l’assurance pour devenir un dictateur, voire un bourreau ! Comment s’en étonner, lui qui prétendait être l’Etre Suprême ! Il n’y a pas lieu d’en vouloir au metteur en scène, de remettre en question son angle d’attaque, Richard T. Heffron n’a fait que respecter les faits ! Bien avant de voir ce film, je me suis toujours dit que s’il y avait bien un roi qui ne méritait pas la haine du peuple c’était bien Louis XVI, interprété avec émotion par Jean-François Balmer. Le film traduit bien, son émotion, sa fragilité, ces tergiversations devant des événements qui le dépassent totalement. On ne peut que comprendre ses décisions maladroites. Voilà un des rares films où j’ai envie de revoir l’Histoire, pour en faire une uchronie. Pour refuser l’espace d’une pensée fulgurante les faits ! Il en est de même pour Camille Desmoulin et Danton. Tout comme pour Brissot. Et que dire de l’arrogant Hebert ? Condamné à mort pour activité monarchiste !!! La Révolution a les mains sales comme Robespierre, elle n’a pas su s’arrêter comme Robespierre, elle s’est montrée terrifiante comme Robespierre, elle s’est corrompue comme Robespierre, elle s’est gangréné l’esprit comme Robespierre. Voilà deux films dont la durée s’imposait et qui nous questionnent sur les agissements du peuple français. Un peuple asservi depuis plus de mille ans, comment ne pas comprendre sa haine envers la noblesse, envers ceux qui pouvaient trahir la Révolution, comprendre ses élans furieux, criminels. Toutes les révolutions agissent ainsi, à part celle des Tchèques. La Roumanie, La Lybie, l’Irak par exemple ont lynché leur dictateur et leurs proches. Louis XVI a payé les crimes de tous ces prédécesseurs. Marie-Antoinette ne faisait rien d’autre que de respecter « l’étiquette » de toutes ces premières dames de France. Ces deux films ne peuvent pas ne pas nous indigner ; ils ne peuvent pas ne pas nous émouvoir, ils ne peuvent pas ne pas susciter de la compassion voire du pardon par moments. Pardonner à Louis XVI et à sa famille ; pardonner à tous ces petites gens afammés, aveuglés par la haine et indomptables et indomptés et manipulés par la haine de Marat. Par contre, voir Robespierre monter sur l’échafaud n’était que le juste retour des choses. Il rentrait dans la logique de l’Histoire. Il ne pouvait pas en être autrement, lui, obsédé par sa vertu ! On le nommait l’Incorruptible ! N’était-il pas corrompu pour envoyer coûte que coûte Danton à la mort ? Ne s’est-il pas corrompu l’esprit en acceptant de faux témoignages pour envoyer à la mort Danton ? Lui qui n’a pas cessé de mettre en avant la vertu ! Il est heureux qu’il ne soit pas mort autrement que sur l’échafaud. Pour Danton, pour Desmoulin, il se devait d’avoir la tête tranchée. A l’heure d’aujourd’hui, on peut quand même se poser une question : qu’en est-il de la fameuse nuit des privilèges ? Tous ceux qui sont morts pour abolir les privilèges doivent se retourner dans leur tombe.