Superproduction (300 millions de francs, 185 jours de tournage, près de 200 rôles, 30.000 figurants, 40.000 costumes…) tournée à l’occasion du bicentenaire de la Prise de la Bastille, La Révolution française a rencontré un échec commercial dû en partie à une sortie trop tardive (la première partie, Les Années lumière, est sorti le 25 octobre 1989 et la seconde, Les Années terribles, le 22 novembre, soit largement après les nombreuses festivités de juillet 1989).
On pourra trouver quelques points faibles au diptyque comme une patine un peu trop lisse, certains passages trop emphatiques pour être crédibles (la lecture de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen présentée de manière presque miraculeuse), un aspect peu trop didactique par moment, quelques omissions (la guerre de Vendée), quelques inexactitudes
(Camille Desmoulins n’a visiblement jamais été agressé sur des ordres de Robespierre)
et quelques raccourcis pour certains événements
(l’arrestation de Robespierre s’est déroulée en plus de phases dans la réalité)
mais il était difficile de faire autrement devant le nombre gigantesque d’événements traités dans ces deux parties.
Ainsi, même si on n’aurait pas été contre une seconde partie plus longue pour rentrer plus en profondeur dans les différents rebondissements de la période traitée, il faut reconnaitre que l’ensemble est d’une limpidité assez impressionnante vu le foisonnement politique de cette époque.
En outre, même si on aurait pu craindre le fait que chaque partie soit réalisée par un cinéaste différent, ce choix se révèle judicieux car cela marque parfaitement le basculement vers l’horreur qu’a connu cette période. Ainsi, Richard Heffron (qui est à la tête des Années terribles) offre une œuvre plus crue dans l’éclairage et dans le traitement de la violence que Robert Enrico (qui dirige Les Années lumière), ce qui permet de souligner la différence entre l’enthousiasme patriotique des premières années et la folie meurtrière des suivantes.
Ajoutons à cela une magnifique musique de Georges Delerue (portée par l’Hymne à la Liberté chanté par Jessye Norman), de superbes décors ainsi qu’une distribution internationale extrêmement impressionnante (Klaus Maria Brandauer, François Cluzet, Jean-François Balmer, Jane Seymour, Andrzej Seweryn, Peter Ustinov, Sam Neill, Claudia Cardinale, Jean-François Stévenin, Michel Duchaussoy, Philippine Leroy-Beaulieu, Christopher Lee, Dominique Pinon, Michel Galabru et bien d’autres) et la production d’Alexandre Mnouchkine devient une œuvre passionnante de bout en bout qui est injustement oubliée alors qu’elle devrait être rediffusée à l’occasion de chaque 14 juillet. À voir et à revoir !