Fille d'une famille d'immigrés indiens, Samidha tente tant bien que mal d'échapper aux velléités traditionalistes imposées par sa mère pour épouser la condition moderne d'une adolescente américaine. Pas de bol pour elle (enfin de bocal), ses origines lui reviennent en pleine face avec un démon hindou gardé sous verre par son ancienne meilleure amie...
Il y a des films d'épouvante où l'on sent une volonté de bien faire, correctement réalisés, prenant le prétexte d'une entité spécifique à une culture pour tenter d'en renouveler la formule et/ou d'en faire une symbolique aux interrogations de son personnage principal quant à la meilleure manière de trouver un équilibre entre ses désirs d'émancipation et l'acceptation de ce qui le définit... Indéniablement, "Inside" fait partie de ceux-là, invoquant le folklore hindou pour le mêler au plus près des doutes intérieurs de son héroïne, prise au piège d'une mère la ramenant sans cesse à la culture à laquelle elle tente d'échapper, puis, plus dangereusement, d'un pishach (un pishacha normalement mais ça fait moins peur), qui en est l'incarnation maléfique la plus pure et à cause de laquelle, par opposition, son ex-camarade s'est laissée isoler du reste de la société.
En cela, Bishal Dutta réussit à donner du corps à son "Inside", ne lâche jamais du regard la portée de son discours pour l'associer au pire et au meilleur des épreuves traversées par Samidha et la faire grandir, on le devine, au sein d'un affrontement final qui marquera forcément d'une façon ou d'une autre un tournant pour l'adolescente...
Mais, au-delà du sens sociologique qu'il réussit à lui adjoindre, Bishal Dutta réussit-il pour autant à nous offrir un film d'épouvante qui parvient à faire la différence dans la flopée annuelle du genre ? On aura beaucoup de mal à répondre par l'affirmative car, malgré son démon moins connu du monde occidental, sa mise en scène et certains partis pris artistiques honorables ou un dernier acte qui a le mérite de choisir la voie du "palpable" plutôt que la facilité numérique, "Inside" se déroule dans un écrin de film surnaturel beaucoup trop classique pour être mémorable, et ce autant en termes de récit archi-balisé que de vaines tentatives de faire frissonner (reste tout de même une ambiance qui fait le job).
Arrivant en plus après "Le Croque-Mitaine" (auquel la façon d'apparaître du pishach ressemble énormément) et le dernier "Insidious" (qui utilisait lui aussi une porte rouge pour signifier la tanière du danger), le long-métrage de Bishal Dutta aura peut-être des chances d'impressionner un public plus néophyte en la matière mais, pour les vieux briscards du genre, l'impression d'avoir déjà vu (et récemment qui plus est) ce que l'on nous propose sous un nouvel apparat sera pour ainsi dire quasi-permanente.
Nos offrandes pour célébrer la venue du pishach sur grand écran seront donc maigres mais assez honnêtes pour reconnaître cette volonté de bien faire que l'on discerne à l'intérieur de "Inside".