Vermines est le premier long-métrage de Sébastien Vaniček, qui a auparavant fait ses armes sur plusieurs cours, dont Mayday récompensé dans plusieurs festivals et Crocs. C'est après ce court, mettant en scène une chienne contrainte par son maître d’aller combattre dans des arènes, que le réalisateur décide de quitter son emploi à Disneyland Paris pour se consacrer pleinement au cinéma.
"En 2020, j’ai créé Lourd Métrage pour réunir mes amis de longue date avec qui j’ai tant tourné. J’ai rencontré Jérôme Niel avec qui nous nous sommes très vite mis au travail sur de nouveaux projets. Le producteur Harry Tordjman, qui m’avait remis un prix lors d’un festival en 2013, a été emballé par non seulement le pitch de Vermines mais aussi la puissance du propos. Il m’a présenté à Netflix qui nous a également suivi : pour eux, le film devait avoir une vie en salles avant d’être diffusé sur leur plateforme."
Désireux d'aborder un sujet plus personnel après ses courts-métrages et inspiré par ses années de galère, Sébastien Vaniček a décidé d'explorer ce que les médias appellent le "syndrome du banlieusard" : "J’ai élargi ma réflexion autour du délit de faciès, sujet qui me touche beaucoup, et qui s’est incarné avec l’image de l’araignée. Elle existe et se balade un peu partout chez nous, mais on ne veut pas la voir donc on l’écrase immédiatement. La symbolique de la xénophobie, de l’intolérance, elle était là. Tout le monde étant traité comme de la vermine dans ce parallèle métaphorique, le titre s’est imposé très vite."
Le réalisateur avait à cœur de montrer la banlieue dans laquelle il a grandi, à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis : "C’est-à-dire un microcosme très positif, où les gens se connaissent, s’aident, s’apprécient, sont polis. Comme partout, il y a des familles dysfonctionnelles, des gens qui tournent mal, mais dans l’ensemble, les choses roulent. Cela, je ne l’avais pas encore vu sur grand écran. Soit c’était la banlieue drama, avec trafic de drogues et tutti quanti, soit la comédie potache et souvent caricaturale."
"J’ai toujours cherché un style agressif, qui privilégie l’énergie... sans éluder l’importance du détail jusqu’à la couleur d’une chaussette. En cela, je respecte l’héritage d’un cinéma soviétique qui prenait le spectateur par les cheveux et lui plongeait la tête dans l’écran ! Ni la caméra, ni le son, ni le fameux montage vertical ne lui laissent le choix", déclare le réalisateur. Parmi les films qui l'ont marqué, il cite Pi et Requiem for a Dream de Darren Aronofsky ainsi que Gladiator de Ridley Scott.
Le cinéaste ne cache pas non plus son admiration pour le cinéma coréen, "le plus intéressant de notre époque. Un chef-d’œuvre comme Parasite fait passer du rire aux larmes, maintient le suspense, effraie aussi. Vermines souhaite humblement, à l’instar du film de Bong Joon-ho, que le public ressente une très large palette d’émotions."
Le réalisateur désirait s'éloigner des mygales et des tarentules qu'on a l'habitude de voir au cinéma et a préféré mettre en scène un type d'araignées plus familières. Il est parti d'une véritable araignée, la heteropoda maxima, puis a travaillé avec MacGuff sur des modèles 3D afin de les agrandir à leur guise.
Sébastien Vaniček détaille : "À ma demande, la team MacGuff a étudié les subtilités de déplacements des araignées, les micros mouvements de pattes, leurs imprécisions, le côté aléatoire, imprévu de l’animal... Un travail de dingue mais ce sont toutes ces petites choses qui allaient aider au rendu réaliste."
Il a aussi collaboré avec Atelier 69, qui a conçu des araignées en dur, qui ont permis sur le plateau de composer les cadres et la lumière.
De vraies araignées ont aussi été employées : "cela a été beaucoup plus facile que ce que je pensais, notamment grâce à la Ferme Tropicale qui connaît parfaitement ces petites créatures. Elles sont très fragiles et se fatiguent très vite. Elles ne peuvent, par exemple, courir qu’une dizaine de secondes avant d’être complètement HS. [...] Tout le monde a adoré travailler en toute sécurité avec elles, on a même pu libérer plusieurs personnes de leur arachnophobie."
Si Vermines s'inscrit dans le registre horrifique, il ambitionne aussi d'être un film grand public et ne s'interdit pas des touches d'humour, comme l'explique le réalisateur : "Entre le mythique Arachnophobia et les séries B, sans oublier l’ombre planante de natural horror movies légendaires tel Les Dents de la Mer, il fallait s’émanciper du passé afin de dépoussiérer le film d’araignées. Donc en montrant une image positive de la banlieue, en n’éludant pas le comique de certaines répliques."
Le film se déroule à Noisy-le-Grand, dont on peut voir les célèbres arènes de Picasso, conçues par l'architecte espagnol Manuel Núñez Yanowsky dans les années 1980.