Pas mauvais, je ne peux pas dire cependant que ce métrage m’ait véritablement enthousiasmé à la hauteur de certains cinéphiles.
Je reconnais l’effort formel, notamment sur certains décors, et je reconnais que la scène en couleurs, au centre du film, apporte une originalité bienvenue, et donne une certaine flamboyance à cette séquence de bal costumé. Le métrage est plutôt bien fait, et par bien des aspects semblent anticiper les métrages de la Hammer, avec une esthétique volontiers gothique, avec ces nombreux souterrains sombres. Le film est bien fait, sans non plus être tout à fait à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer de l’adaptation du livre de Leroux. La mise en scène reste en effet trop démonstrative, avec beaucoup de plans fixes sur l’action, et malgré de beaux décors, on ne retrouve pas forcément l’ambiance inquiétante que l’on était en droit d’espérer. Le film n’a d’ailleurs de véritablement inquiétant que le masque de Lon Chaney, lequel est en effet très bien fait, et reste durablement dans les mémoires.
Le casting est assez bon, avec une Mary Philbin convaincante, et quelques bons acteurs masculins qui tiennent des rôles peu dégrossis mais avec élégance et talent. Reste que l’attraction du film c’est évidemment le fameux fantôme, campé par un Lon Chaney dont on ne verra en vérité pas le visage. Inquiétant à souhait de par son masque, il faut reconnaitre cependant qu’il est assez cabotin, un peu trop. C’est dommage, car à surjoué il perd assez de son caractère épouvantable. Cependant, le personnage est bien rendu dans ses contradictions, dans son « humanité » autant que dans sa monstruosité, et en cela cette adaptation a saisi un des aspects qui fait la richesse du livre de Leroux. C’est ce que j’ai le plus apprécié dans le fond de cette histoire.
Le film refuse le manichéisme, c’est une bonne chose, et si à mon sens il loupe relativement le côté « épouvante », il développe bien le romantisme noir de l’histoire. Le Fantôme de l’opéra version 1925 est un film assez agréable à suivre, mais dont la narration n’est pas parfaite, et se loupe même bien sur la dernière partie. C’est trop rapide, tout s’enchaine trop vite, alors qu’il y avait quelques longueurs dans la première partie. Ça se finit de façon un peu abrupte et soudaine. En somme on a le sentiment que le film s’arrête sur une note descendante plutôt que sur une note ascendante, c’est un peu frustrant. Mais enfin, le récit est divertissant, il y a de belles scènes, ce qui permet tout de même de passer un moment plaisant.
Pour ma part, Le Fantôme de l’opéra est une adaptation honorable du récit de Leroux, mais qui n’est pas non plus un chef-d’œuvre du genre. Il y a pas mal de petites lacunes de ci de là, et puis des choses un peu plus gênante, comme cette fin bien moyenne et ce Chaney pas assez sobre et donc pas assez terrifiant malgré son masque. Je donne 3.