C’est lors d’une discussion avec la grand-mère des réalisateurs, âgée de 96 ans, que tout commence. Lors d'une simple visite, elle leur a raconté quelques souvenirs de sa jeunesse à Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans, et notamment plusieurs instants qui l’ont marqué durant la Seconde Guerre mondiale. Des pleurs de ses parents à l’annonce du début de la guerre aux instants sinistres qu’ils passaient, cachés au fond d’une cave pour se protéger des bombardements en passant par l’arrivée des chars Américains devant sa propre maison, chacune de ces anecdotes ont nourri en Germain et Robin Aguesse un sentiment fort et une envie certaine : transmettre ce témoignage, puis d’autres, avant que ces récits soient oubliés et que ces voix ne puissent plus être entendues.
Alors que de nombreux films et documentaires retracent le parcours d'hommes remarquables : des soldats, des Résistants, des personnalités politiques... Peu s'intéressent à la place qu'occupaient les femmes durant la seconde guerre mondiale. Résistantes, civiles, infirmières, toutes ont pourtant participé de près ou de loin à la victoire des alliés sur l'Allemagne Nazie. Quatre femmes interviennent donc dans ce film et racontent "leur guerre" avec sincérité et émotion.
Frédérique Hébrard est l'une des intervenantes qui apporte son témoignage dans le documentaire. Elle raconte comment, avec ses parents qui étaient conservateurs de musées, ils ont caché et entreposé les trésors du Louvre pendant l'Occupation, afin qu'ils ne tombent pas aux mains des Nazis. Elle a notamment voyagé avec le chef d'œuvre de Léonard de Vinci, la Joconde, et se remémore avec passion ces instants "irréels" passés en compagnie des plus grands tableaux du patrimoine Français.
Geneviève Pouille-Delerive témoigne dans le film de son entrée en résistance, du haut de ses 12 ans. En 1940, elle habite Armentières et est la seconde d’une fratrie de 9 enfants. Son père et sa mère n'accepteront jamais la défaite de la France et la mort d'un de leur garçon sera une tragédie décisive dans leur choix de résistance. Avec d'autres, ils sont les initiateurs du réseau clandestin "Voix du Nord". Geneviève, adolescente, les rejoint rapidement et réalise les différentes missions que lui confie ses parents, avec courage et détermination : sauvetage de résistants, hébergements d'aviateurs Anglais, planque de réfugiés juifs...
Le film aborde également la Shoah, à travers le témoignage poignant de Lili Keller-Rosenberg, rescapée des camps de concentration de Ravensbrück et Bergen-Belsen. Lili est une Roubaisienne de 6 ans au début de la guerre. L'insouciance de l'enfant l'empêche d'imaginer le mal qui s'abattra sur sa famille, le 27 octobre 1943. Déportée avec sa mère et ses deux petits frères, elle survivra à l'enfer des camps de la mort.
Alors que la grand-mère des réalisateurs leur a livré son témoignage, elle leur a effectivement confié des images extraites de pellicules qui appartenaient à l’un de ses beaux-frères. Celui-ci s’est retrouvé, par hasard, avec une caméra à Paris quand la 2e division blindée du Général Leclerc libérait la ville le 24 août 1944. Ces images assurent d’ores et déjà un aspect « inédit » à ce documentaire en présentant des images que seule une poignée des gens ont déjà vues.
Réalisé de façon chronologique, le film et les différentes intervenantes reviennent sur les figures emblématiques et les grandes dates du conflit. De l’entrée en Guerre à la défaite, du régime Nazi aux camps de concentration ou de la résistance et la libération ; ces éléments peuvent permettre aux élèves d’approfondir leurs connaissances sur cette période. Il offre également la possibilité de faire découvrir des témoignages de femmes qui sont souvent peu valorisées.
Dans une époque où, aux quatre coins du monde, rares sont les journées sans violence et sans vies humaines sacrifiées aux idéologies, à l’antisémitisme, au racisme et au fanatisme, véhiculer les messages de paix et d’espoir de ces grandes dames semble indispensable et nécessaire.