Ali Marhyar est un très grand fan de boxe et de films sur le noble art. Le réalisateur a commencé à pratiquer ce sport à 17 ans et a longtemps rêvé d’être champion olympique. Il se rappelle : "Je n’ai pas pu accomplir ce rêve parce que ma mère préférait me garder à la maison que de me voir partir loin. J’ai également une grande passion pour l’Histoire, notamment pour les châteaux français. J’aime imaginer, ressentir, en les visitant, ce qui a pu s’y dérouler des siècles auparavant. Nous passons, les monuments restent."
"Ces deux univers, celui de la salle de boxe et celui de Chambord, servent de cadre au film sans que j’en ai vraiment pris conscience. Comme mon personnage, je n’ai pas pu être champion olympique mais je suis devenu acteur. C’est seulement pendant le tournage que je me suis rendu compte de ce que j’avais mis de moi dans ce film."
Avec Comme un prince, Ali Marhyar voulait parler de transmission, un thème qui lui est cher : "Souleyman transmet son savoir de boxeur à Melissa, jeune fille qui vit en foyer et dont l’avenir est tracé par ses éducateurs. Les personnages qui évoluent au château où il purge sa peine de travail d’intérêt général, transmettent également à Souleyman en lui permettant de s’intéresser à autre chose qu’à la boxe et d’entrevoir d’autres horizons."
A l'origine, Ali Marhyar voulait jouer le personnage principal de Comme un prince, mais en aucun cas réaliser le film : "Je pensais que c’était hors de portée. Et puis Julien Guetta m’a poussé en me disant que j’avais une vision si précise du projet sur le ton et sur le rythme, qu’il fallait absolument que je passe derrière la caméra. Je ne pouvais pas faire les deux, jouer et diriger, c’était trop lourd à porter, j’ai choisi de mettre en scène. Et pour le rôle principal, j’ai tout de suite pensé à Ahmed Sylla pour ses qualités comiques, bien sûr, mais aussi pour sa profonde sensibilité. Je ne voyais personne d’autre que lui."
Ahmed Sylla a dû entamer très en amont du tournage un régime et une préparation physique pour asseoir une vraie crédibilité. Le comédien s’est ainsi entraîné au sein du meilleur club de France, où Ali Marhyar a lui-même pratique la boxe, le BAM l’Héritage des Mureaux. Le cinéaste confie : "En quelques semaines, les progrès techniques et physiques ont été fulgurants. Ahmed a pris une dizaine de kilos de muscles pour se façonner cette stature carrée du boxeur de haut niveau."
"Concernant la psychologie du personnage je lui ai juste dit de faire confiance à l’univers du film. Je ne voulais pas de sketches ou de numéros comiques mais qu’il avance avec le scénario et surtout qu’il soit beaucoup à l’écoute pour défendre ce personnage ayant tout perdu et qui cherche une solution pour s’en sortir."
Mallory Wanecque n'a pratiquement pas été doublée pour ses nombreuses scènes de boxe. L'actrice s'est elle aussi beaucoup entraînée en amont dans le même club, pour se familiariser à la chorégraphie des combats. "Elle a pris des coups parfois sans jamais se plaindre. Les gamines qui boxent contre elle à l’écran sont toutes championnes du monde dans leur catégorie d’âge quand même !", précise le metteur en scène.
Ali Marhyar a joué avec Julia Piaton dans la série Family Business : "Je sais à quel point elle est une actrice extraordinaire qui maîtrise avec finesse le drame et la comédie. Pour moi ça ne pouvait être qu’elle. Elle est totalement crédible dans ce rôle. On imagine parfaitement qu’elle puisse diriger les spectacles du château et en même temps, elle a cette modernité qui fait qu’elle peut s’intéresser à quelqu’un comme Souleyman, ne pas être impressionnée ou avoir peur de lui mais au contraire de le trouver touchant."
"Comme avec une bonne partie du casting, je suis très proche de Julia. C’était important et rassurant pour un premier film d’être entouré de gens que je connais bien."
Ali Marhyar retrouve également Igor Gotesman avec qui il a tourné dans Five et travaillé sur Casting(s), mais aussi Jonathan Cohen après Budapest, Family Business et La Flamme (sur laquelle il a collaboré au scénario).
Les scènes de boxe, notamment celles où il y a du public, ont été les plus compliquées à tourner pour Ali Marhyar, même si la plupart des figurants en salle ou sur le ring étaient des professionnels. Le réalisateur raconte : "J’y ai mis beaucoup d’exigence, pas question que cela paraisse bidon. J’ai écrit une bonne partie du film à Chambord, un endroit que j’ai fini par connaître par cœur. J’y ai passé beaucoup de temps, j’ai beaucoup observé. J’y ai trouvé de nombreuses idées dont celle du conteur qui existe sur place, j’ai joué les scènes dans tous les décors."
"Chambord était l’endroit idéal pour l’histoire car le château est bâti au milieu d’une forêt qui fait la superficie de Paris et il fallait isoler le personnage, le bloquer là en immersion, qu’il ne puisse même pas sortir boire un café."