Ren a onze ans. Ses parents divorcent. Elle ne le supporte pas.
Malgré le succès que sa projection à Cannes en 1993 avait rencontré, "Déménagement" n’était jamais sorti en salles en France. Cet oubli est réparé trente ans après, trop tard hélas pour donner à son réalisateur, Shinji Somai (1948-2001) la place qu’il aurait méritée dans le cinéma japonais entre les grands anciens (Kurosawa, Oshima, Imamura…) et la nouvelle pousse (Kitano qui l’éclipse, Miike, Kiyoshi Kurosawa, Kore-Eda…).
Sans doute, "Déménagement" fait-il son âge, avec ses longs travellings, le grain de son image en 16mm, son son parasité. Mais il a bien vieilli. Son histoire est de tous les temps et de toutes les latitudes, celle du divorce de deux parents et de ses répercussions sur leur enfant : "Diabolo Menthe" en France, "Kramer contre Kramer" aux Etats-Unis, ce chef d’œuvre glaçant qu’était "Faute d’amour" en Russie…
Le film est porté par l’énergie de sa jeune actrice, Tomoko Tabata, qui a poursuivi depuis une brillante carrière au cinéma et au théâtre et qui raconte dans "Le Monde" les conditions du tournage qui ne seraient plus tolérées de nos jours. Son interprétation rappelle celle de Jean-Pierre Léaud dans "Les Quatre Cents Coups".
Mais hélas, "Déménagement", qui dure plus de deux heures, m’a perdu dans sa dernière demi-heure où l’on voit la jeune héroïne s’égarer dans la forêt avant de se retrouver au bord du lac Biwa et d’y accepter l’inéluctable séparation de ses parents. Je comprends que ce long détour était nécessaire à l’économie du film. Mais sa longueur et sa langueur, qui contrastent avec la pétillante énergie du reste du film, ont eu raison de ma résistance.