Un film à hauteur de petite fille, c'est-à-dire à hauteur d'humanité. Vaillante, drôle, courageuse, Ren ne supporte pas la séparation de ses parents. Sur ce fil ténu, Somai, le réalisateur, qui est décédé depuis ce film de 1993 jamais sorti en salle, malgré la sélection à "Un certain regard" à Cannes, construit un récit d'apprentissage magnifique, maîtrisé de bout en bout. Les épreuves de la vie prennent des formes bien différentes et la fin, tissée de référence aux légendes japonaises, touche au sublime. Ren perd un peu de sa joie de vivre, de sa verve, de sa vivacité, elle se promet de grandir vite, mais rien de son autonomie, de son obstination, de sa franchise. Par ses bêtises irresponsables, elle renvoie les adultes à leur renoncement, leur hypocrisie, leur bassesse. Elle arrive à sourire et à les faire sourire. La mise en scène est impeccable de fluidité (la poursuite dans les couloirs en cloison, la manière dont les personnages rentrent dans les cadres). Elle fuit, Ren, elle fuit, mais elle se retrouve. Et elle nous trouve - en nous regardant droit dans les yeux (extraordinaire jeune comédienne). Pas loin du chef-d'œuvre.