Tous plus ou moins directement affectés par les conséquences de la pétrochimie, une bande de marginaux décident de former une cellule écoterroriste. Leur objectif : faut sauter un pipeline au Texas, afin de communiquer sur leur action, et d'augmenter brutalement le cours du pétrole.
"How to Blow Up a Pipeline" aborde ainsi la thématique très moderne de l'écoterrorisme, de plus en plus en vogue. Et le message est aussi clair que le titre du film : il s'agit d'une apologie de l'action destructrice. Le militantisme est inefficace, seules les destructions spectaculaires peuvent encore faire changer les choses. Et ça tombe bien, fabriquer une belle bombe est presque à la portée du premier venu !
Mais comme j'aime souvent à le dire, que l'on soit en adéquation ou non avec cette idéologie, peu importe. Ce qui m'intéresse au cinéma ce n'est pas l'idée politique, mais la façon dont elle est amenée. Et j'ai plutôt été conquis par le film.
Déjà, il y a l'idée efficace de le construire un peu comme un film de casse. Avec une bande hétérogène qui ne réussit pas toujours tout ce qu'elle entreprend. Et les inévitables travers à gérer. C'est assez bien mené à ce niveau. Je relève l'idée pas très originale mais ici très fonctionnelle de développer les personnages un à un via des flashbacks. Cela permet aussi de doper le récit avec quelques rebondissements bienvenus.
Autre influence indirecte du film de casse, la mise en scène et le grain de la photographie semblent tout droit sortis de la fin des années 90 / début des années 2000. Avec une image façon documentaire, et une caméra à l'épaule. J'ai par moment eu l'impression de voir du Soderbergh de l'époque, façon "Traffic" ou "Ocean's Eleven". Hommage appuyé, style assumé, ou contraintes imposées par un budget que j'imagine limité ? Mais là encore, ça fonctionne bien.
Les acteurs sont bons, le scénario intelligent. Car si le message est clair, le film pose de bonnes questions autour de l'écoterrorisme. Motivations des auteurs, ou conséquences de leurs action. Qui sont-ils pour décider de détruire telle ou telle structure ? Pourquoi procéder ainsi quand ce sont surtout d'honnêtes travailleurs et des consommateurs populaires qui vont trinquer en premier ?
Enfin, je note la BO réussie de Gavin Brivik, qui permet d'accentuer la pression et de donner un aspect thriller au film. Le compositeur a avoué s'être inspiré des premiers films de Michael Mann, et effectivement, il y a parfois des similitudes avec celle de "Thief". Pour l'anecdote, la musique a été composée en mélangeant du synthétique avec... des bruits de frappe sur des tonneaux de pétrole !