Pendant le confinement, alors qu'il écrivait Les Profs 3, Pierre-François Martin-Laval a été contacté par son producteur Romain Rojtman. Il lui a suggéré de lire La troisième vengeance de Robert Poutifard de Jean-Claude Mourlevat, que son fils étudiait alors en classe de CM1. L'acteur et réalisateur a d'abord hésité car le héros étant plus âgé, il n'y aurait pas de grand rôle pour lui, avant de se raviser : "en mettant en scène Depardieu dans Fahim j’avais découvert un plaisir inédit, celui de n’être que derrière la caméra..."
La première version du scénario était très fidèle au roman d'origine, La troisième vengeance de Robert Poutifard de Jean-Claude Mourlevat, paru en 2004. Puis Pierre-François Martin-Laval a décidé de faire des modifications pour être plus en phase avec notre époque : "Je me suis donc accordé de plus en plus de libertés et, par souci de narration (et de production), j’ai établi un lien qui n’existait pas entre les anciens élèves de Poutifard : ils sont devenus un clan d’enfants cruels d’une même classe et non de plusieurs générations différentes." Il a également donné plus d'importance au personnage de la mère du maître, qui est alitée dans le livre. Il précise : "J’ai eu quelques scrupules à prendre ces libertés mais Daive Cohen, mon co-auteur, m’a convaincu de le faire en me rappelant qu’adapter c’était trahir un peu."
Par rapport au livre, Pierre-François Martin-Laval a ajouté un personnage qu'il incarne, celui d'un Président qui ressemble étrangement à Emmanuel Macron : "Comme il n’y avait pas mort d’homme, je voulais ajouter une péripétie qui rende compte de la gravité des actes de Poutifard et le fait qu’un président puisse anéantir la carrière d’une influenceuse me semblait éloquent. Pour tout avouer, cela faisait aussi écho au passage d’Emmanuel Macron invitant Mcfly et Carlito à l'Elysée."
Christian Clavier n'était pas le premier acteur que Pierre-François Martin-Laval avait en tête pour Poutifard. Il imaginait plutôt le personnage comme Gru dans Moi, moche et méchant. Mais le réalisateur avait pris plaisir à diriger le comédien sur Les Profs : "C'était une belle façon de se retrouver. Après lui avoir fait jouer un type très lent, lui faire enfiler le costume d’un homme en souffrance m’intéressait." 24h après avoir lu le scénario, Clavier lui a donné son accord : "c’est l’apanage des grands : ils ne font pas de caprices et savent d’emblée si c’est ce qu’ils veulent jouer. Or, avoir un acteur de la trempe de Clavier qui a à la fois une puissance comique et une noirceur, vous donne des ailes."
L'acteur s'est concentré sur son texte, refusant de savoir ce qui allait se passer dans ses scènes, comme le relate Pef : "lorsque je tentais de le préparer à l’action pour le préserver, il me claquait la porte au nez car seul le texte l’intéresse. Un mois avant le tournage, il travaille avec un répétiteur ses répliques mais aussi celles de ses partenaires. Cela ne veut pas dire que c’est un tyran qui veut que ce soit à la virgule près - si son partenaire improvise pour en rajouter, il le suivra volontiers – mais la mise en scène, ce n’est pas son problème ce qu’il souhaite c’est surprendre et se faire surprendre."
Pierre-François Martin-Laval retrouve Isabelle Nanty, qu'il a dirigée dans tous ses films : "Isabelle est mon pygmalion, la fée de ma carrière. Elle a été ma prof de théâtre et m’a fait travailler comme jeune comédien, avant d’apporter sa caution, comme actrice, en tenant un des rôles principaux de la première pièce des Robins des Bois qui nous a porté bonheur."
La comédienne craignait de ne pas être crédible dans le rôle d'une vieille femme : "J’avais très peur d’échouer mais c’était son idée, il y tenait, en avait discuté avec Christian Clavier. Ce n’est pas toujours facile de trouver la ressource mais quand on a confiance en le metteur en scène, on peut s’adapter."
Pour le personnage d'Huguette Poutifard, Pierre-François Martin-Laval avait en tête Tatie Danielle. Il s'avère que la comédie d'Étienne Chatiliez a offert à Isabelle Nanty l'un de ses premiers rôles. Celle-ci raconte : "Je me suis dit que Tsilla Chelton aurait été parfaite en mère de Clavier et j’ai pensé à elle pour la rythmique car à son image, je suis beaucoup plus lente que la plupart de mes partenaires." Par ailleurs, Tsilla Chelton a été la professeure de théâtre de Christian Clavier : "Tsilla arrivait à jouer des femmes avec tous leurs défauts et elle attendait de nous que nous « incarnions » vraiment nos rôles sans se contenter de les jouer."