Yonathan Levy explique pourquoi il a appelé son documentaire Museum : "Mon souhait avec ce film était de rendre compte de la visite du musée d'Auschwitz-Birkenau telle que des millions de visiteurs la parcourent chaque année. Or c'est bien en tant que musée qu'une vaste majorité du public appréhende ce lieu, d'où le choix du titre."
"J'ai volontairement refusé d'ajouter la mention Auschwitz-Birkenau afin d'inviter Ie spectateur à se poser certaines questions avant même que Ie film ne débute : Peut-on réduire ce lieu a un musée ? Si ce n'est un musée, quelle est donc la fonction de ce lieu aujourd'hui ? Pourquoi se rend-on à Auschwitz ?"
Museum ne donne quasiment rien à voir des lieux ni de l'exposition et préfère se focaliser sur les visiteurs. Yonathan Levy précise : "Au cours du film, on entend de nombreuses fois les visiteurs exprimer une certaine déception de ne rien voir, qu'il n'y a que des murs. De fait, la question se pose: qu'y a-t-il véritablement à voir à Auschwitz ?"
"Vient-on là-bas pour voir ? Le sujet même de cette visite est l'extermination de millions d'êtres humains, leur effacement total. Comme Ie dit d'ailleurs I'un des guides, « c'est comme s'ils n'avaient jamais été ici ». Se confronter à cette absence et à l'immensité de ce vide reste donc Ie cœur de cette visite, qui revêt ainsi une dimension métaphysique."
"Et c'est pour rendre compte de cette intériorité de la visite d'Auschwitz que j'ai fait Ie choix de me concentrer sur les visiteurs et leurs réactions, plutôt que sur les salles d'exposition et leur contenu."
La plupart des images du film ont été tournées en 2007. Yonathan Levy avait 23 ans et était venu filmer seul, sans prévenir Ie musée (ni de sa venue ni de son projet). Le cinéaste se rappelle : "Je pense que les autorités du musée ne m'ont pas pris très au sérieux, vu mon jeune âge.
"Mais comme j'étais déjà sur place, ils m'ont finalement octroyé cette autorisation de filmer, non sans me demander avec insistance si je ne voulais pas aussi interviewer des spécialistes ou des historiens. Ils avaient vraiment du mal à comprendre que je puisse vouloir filmer uniquement les visiteurs."
"Mais en 2019, lorsque je suis retourné sur les lieux afin de filmer les dernières images du film, les choses étaient alors beaucoup plus encadrées. Je devais toujours avoir à mes côtés un guide qui m'accompagne, me renseigne, me conseille et, d'une certaine façon, me surveille aussi."
"J'ai senti que Ie musee voulait avoir plus de contrôle sur les images prises du lieu, ce qui est tout à fait compréhensible au vu de la sensibilité du sujet et du danger de la médiatisation à travers les réseaux sociaux."