Il y a quelques années, deux hommes que Matt Winn connaissait se sont suicidés exactement de la même manière, en se pendant à un arbre dans les jardins d’autres personnes. Le réalisateur se rappelle : "Ces histoires presque identiques étaient choquantes, mais pour moi elles avaient une résonance particulière parce qu’une de mes amies s’était suicidée de la même manière quelques années auparavant. La seule chose que je sais de cette expérience, c’est qu’il n’est pas facile de s’en remettre."
"Le suicide laisse des traces terribles. En particulier dans la vie de ceux qui restent. J’ai commencé à me demander comment ces deux suicides avaient affecté la vie des propriétaires de ces jardins. Cela m’a semblé être un point de départ intéressant pour une histoire."
Les deux derniers courts métrages que Matt Winn réalisés, The Brunchers et We Are Happy, étaient des comédies d’observation sur les classes moyennes du nord de Londres (soient les personnes avec lesquelles le cinéaste a grandi). Il confie : "Leurs histoires n’ont jamais porté sur des situations de vie ou de mort ; finalement peu de choses dans la vraie vie le sont vraiment. Quand on a un toit au-dessus de la tête, un travail, un peu d’amour, un certain degré d’estime de soi, on passe le plus clair de son temps occupé par les petites choses du quotidien."
"Mais avec Dîner à l'anglaise, je voulais explorer un groupe de personnages dont les vies sont plutôt parfaites vues de l’extérieur, jusqu’à ce qu’ils soient frappés un jour par un événement qui change radicalement leur vie."
Avec Dîner à l'anglaise, Matt Winn a cherché à représenter quatre personnages, à la manière de couples mariés qu'il connaît bien, en les plaçant sous un microscope après un événement traumatisant. Le metteur en scène précise : "Comment s’en sortent-ils ? Leurs valeurs «civilisées» les maintiennent-ils sur un pied d’égalité ou se transforment-ils en monstres ? Je voulais que le public réfléchisse à la question : que ferions-nous si les objets brillants de notre vie quotidienne - une maison confortable, une voiture dans le garage, des vacances une ou deux fois par an… disparaissaient brutalement ?"
"Que se passerait-il si quelqu’un menaçait de nous les enlever. Si vous deviez tout perdre, que seriez-vous prêt à faire ? J’ai décidé de faire une comédie très noire pour trouver la réponse."