Lawrence, homme de confiance du pape, est chargé à sa mort d'organiser le nouveau conclave. Un vote à majorité de deux tiers doit être obtenu, et le conclave durera autant que nécessaire.
J'avais vu un épisode de Borgia sur ce sujet et j'étais déjà captivé par la longueur du procédé, les débats, machinations, et toute la tension autour de cette cérémonie, à la fois inquiétante, et magnifique de solennité. C'est avec plaisir que je retrouve le traitement d'une des plus importantes cérémonies chrétiennes au cinéma.
Ralph Fiennes, excellent acteur (Voldemort) porte sans trembler ce rôle de haute responsabilité, à la fois gestionnaire et candidat, subissant des votes qui ne correspondent pas à ses prétentions. J'ai tout de même une réserve face à un jeu un peu trop lisse, presque timide, malgré quelques accents de colère. J'ai le sentiment que l'écriture n'a pas exploité toute l'intensité latente de Ralph Fiennes (voir le thriller The Spider).
Le travail esthétique sur la symétrie, la valorisation de l'architecture, le rouge omniprésent, tout cela renforce la tension du moment et la beauté de cette complexe hiérarchie religieuse.
Les discours des cardinaux font mouche, en particulier l'homélie de Lawrence, mais aussi les débats autour de la modernisation de l'Eglise. On sent que ceux qui ont les meilleures idées, les plus tolérantes, les plus progressistes, ne sont pas forcément ceux qui veulent le pouvoir, ni ceux qui ont les armes rhétoriques pour l'obtenir. Tedesco est le personnage parfait pour montrer cette quête aveugle de pouvoir, sans scrupules, sans la moindre volonté de bien commun. Un problème qui ne concerne pas que les conclaves, mais toute la sphère politique.
Le sujet oblige un certain niveau de répétition, puisque le conclave consiste à enchaîner les votes entre deux discussions jusqu'à tomber sur un accord, mais le nouveau film d'Edward Berger contourne bien le problème avec des rebondissements autour des cardinaux qui se manipulent entre eux pour parvenir à leurs fins.
C'est magistral d'un point de vue technique, et j'ai particulièrement apprécié les dialogues autour du doute et de la tolérance. En plus de tout ça, le film se veut optimiste et montre que certains cardinaux au moins tentent de faire évoluer les moeurs religieuses. Le Conclave brille par son élégance, par sa capacité à raconter une histoire par les dialogues et les personnages, sans déborder de violence.