Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire : les secrets du tournage

Pour concevoir ce film, dans lequel Godzilla et Kong font équipe, Adam Wingard s'est beaucoup inspiré de Invasion Los Angeles de John Carpenter : "Dans ce film, les deux protagonistes se battent pour porter des lunettes noires, ce qui constitue un vrai tournant dans l’intrigue. J’aime beaucoup l’idée de ces deux personnages qui appartiennent à la même équipe et qui, pour autant, se disputent en raison d’un malentendu. À présent qu’on a vu Kong et Godzilla réunis à l’écran, et qu’on les a vus se battre ensemble, on a du mal à imaginer un nouveau film sans eux."

"Dès qu’on les réunit, on ne peut pas vraiment les séparer, même si on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils s’entendent à merveille. Ils ont chacun un égo surdimensionné, si bien que ce que je trouve amusant quand ils font équipe, c’est qu’on sent que la trêve entre eux est assez fragile. Leur tandem relève du buddy-movie car ce sont deux personnages aux antipodes l’un de l’autre. Ils ne sont pas toujours sur la même longueur d’ondes et on joue avec cette dimension. C’est une alliance qui, quoi qu’il arrive, ne peut être que provisoire", confie le réalisateur.

Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire est le cinquième volet du MonsterVerse de Legendary Pictures, après Godzilla (2014), Kong: Skull Island (2017), Godzilla 2 : Roi des monstres (2019) et Godzilla vs Kong (2021).

Adam Wingard est le réalisateur de Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire. Il est familier de la franchise, puisqu'il était déjà aux commandes de Godzilla vs Kong. Godzilla 2 : Roi des monstres a en revanche été mis en scène par Michael Dougherty, Kong: Skull Island par Jordan Vogt-Roberts et Godzilla par Gareth Edwards.

Si Adam Wingard voulait que Godzilla corresponde bien avec ce qui a été mis en place dans les précédents films, il a également voulu faire évoluer ce personnage en lui donnant une nouvelle allure. Il confie : "Je tenais à ce que ces changements soient liés à l’intrigue et j’ai donc su, très en amont du projet, qu’il fallait que Godzilla ait une nouvelle allure, tout en étant conscient que cela devait être lié aux rebondissements du film et qu’on assisterait à cette évolution à l’image."

"Il se trouve que le rose et le bleu sont mes couleurs préférées et il était donc logique que j’oriente Godzilla dans cette direction esthétique. Au départ, je me disais que Godzilla muait, mais l’intrigue a évolué différemment. Pour autant, dans ce contexte, Godzilla change de peau. Il se transforme et c’est ce qui nous a permis de faire référence au Godzilla de l’ère Showa. J’ai toujours apprécié, dans ces films, la manière dont il voltige et fait des sauts chassés – il se met même à danser parfois !"

"On aurait sans doute subi des réactions négatives s’il s’était mis à danser, mais la folie de la période Showa nous a servi d’inspiration. On s’est donc demandé si on pouvait faire en sorte que le côté excessif de l’ère Showa et l’atmosphère cartoonesque des années 80 soient suffisamment réalistes. J’ai constamment cherché à me situer à mi-chemin entre le réalisme et l’absurde, et le film joue là-dessus en permanence. C’est en grande partie grâce à la nouvelle allure de Godzilla."

Adam Wingard voulait que l'adversaire de Godzilla et Kong soit plus complexe qu’un simple monstre qui menace la planète : "En général, quand on tourne un film sur Godzilla ou Kong, l’humanité constitue la plus grande menace, le plus gros obstacle, et ce sont les êtres humains qui posent le plus de problèmes. C’est important dans la mythologie de Godzilla et Kong car la plupart du temps, c’est l’humanité qui détruit la planète et menace la nature."

"Grâce à l’humanité propre au personnage de Kong, on a imaginé un adversaire comme le Skar King : c’était une manière d’évoquer la part d’ombre de l’espèce humaine, mais du point de vue du monstre – ce qui revenait à créer une plus grande menace contrôlée par le Skar King. Tout comme les êtres humains sont à la tête d’armées et possèdent des armes de destruction massive, le Skar King détient un pouvoir tout aussi dévastateur", raconte le metteur en scène.

Pour Adam Wingard, Skar King est l’archétype même du dictateur impitoyable, une créature maléfique ancestrale qui incarne la part d’ombre la plus noire de l’être humain : "Il a pris le contrôle de la tribu des singes de la Terre Creuse, c’est lui qui est au pouvoir et il n’agit que dans ses propres intérêts. Dans une scène du film, il y même un plan de la salle du trône où on aperçoit un harem, dans un coin de l’image, et de petits singes qui, de toute évidence, sont de mini Skar Kings."

"Il occupe le pouvoir depuis longtemps et il force tous ces primates à trimer pour lui. En gros, ces singes vivent un véritable enfer – ce sont tous des âmes en peine –, tandis que lui est le diable en personne."

Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire possède deux intrigues parallèles. La première concerne le parcours de Jia (Kaylee Hottle) qui découvre qu’il existe d’autres membres de sa communauté, les Iwis, qui vivent encore au sein d’une merveilleuse civilisation en Terre Creuse. La seconde concerne le parcours de Kong : "Il est également en passe de découvrir qu’il existe d’autres membres de son espèce, mais dans son cas, ils triment dans ce souterrain infernal."

"On voulait marquer un contraste entre ces deux différents univers et montrer que Jia et Kong livrent un combat du même genre au cours de leurs trajectoires. Ils traversent tous les deux cette crise existentielle qui les fait prendre conscience qu’ils sont les derniers de leur espèce et le film raconte leur exploration de ces deux réalités différentes qui coexistent en Terre Creuse."

Godzilla (2014) a rapporté 530 millions de dollars dans le monde et ce pour un budget de 160 millions. Kong: Skull Island a quant à lui généré 561 millions, Godzilla 2 : Roi des monstres 383 millions et Godzilla vs Kong 468 millions (pour des budgets aux alentours de 200 millions).

Pour Suko, le fils de Kong, Adam Wingard ne voulait pas se rapprocher de la manière dont les Ewoks sont introduits dans Star Wars et présentés comme de mignonnes petites peluches. Le cinéaste voulait que ce personnage déjoue toutes les attentes qu’on peut avoir vis-à-vis d’une créature toute mignonne : "Suko est un vrai dur – ce n’est pas un adorable nounours, même s’il est très attachant. D’ailleurs, assez étrangement, le film parle aussi du rôle des parents. On a le docteur Ilene Andrews avec Jia d’un côté, et Kong qui découvre Suko de l’autre, et ils doivent tous les deux affronter la parentalité chacun à sa manière."

"Suko est l’un des éléments du projet que j’avais hâte de découvrir car la seule chose que je savais, au moment du développement du personnage, c’est qu’il fallait qu’il ait de grands yeux affectueux. Je me demandais si on pouvait mettre au point une créature à la fois mignonne et coriace. Du coup, Suko est conscient d’être adorable et il s’en sert pour désarmer les autres. Mais au bout du compte, c’est un bagarreur assez coriace. Il n’y a pas beaucoup de singes de son âge. La plupart d’entre eux n’atteignent pas son âge, et encore moins le dépassent. D’une certaine manière, Suko est un rescapé", explique Adam Wingard.

Adam Wingard et son équipe ont tourné en décors réels, notamment dans des régions de l’Australie, comme celle de Gold Coast. Rebecca Hall se rappelle : "On s’est rendu sur l’île de Moreton, troisième plus grande île de sable fin au monde, où il n’y a pas beaucoup d’habitations. La faune et la flore y sont totalement saisissantes. Je ne pensais pas qu’on allait pouvoir trouver mieux jusqu’à ce qu’on arrive dans la Forêt de Daintree qui est l’une des plus anciennes forêts tropicales au monde."

Le producteur Eric McLeod ajoute : "Si on a choisi la région de Gold Coast cette fois, c’est pour les mêmes raisons que pour les deux autres films : la diversité des sites et la qualité des équipes techniques. D’autre part, les studios sont extrêmement sophistiqués et offrent l’espace et l’environnement de travail que nous recherchons. Dans la région de Gold Coast, on a tourné à Surfers Paradise, Tallebudgera et Village Roadshow. J’ai une vraie prédilection pour les studios de Village Roadshow."

Dans le film, Godzilla mesure 120 mètres de haut, King Kong 100 mètres, Skar King 97 mètres et Suko 45 mètres.