On a l’impression qu’avec leur premier film, le duo de cinéastes belges constitué de Gaëtan Liekens et David Mutzenmacher a voulu remplacer l’impayable, incontournable et indétrônable comédie noire « Dikkenek » au sommet du panthéon des films cultes belges. En l’état, ce n’est pas le cas. Mais il faut se rappeler que lorsqu’est sorti le film avec François Damiens, Marion Cotillard, Dominique Pinon et compagnie, il avait été un minuscule succès en salles et qu’à la première vision, c’était original et plutôt drôle mais que ça ne cassait certainement pas quatre pattes à un canard. C’est grâce à la sortie DVD et par la force de multiples diffusions télé, et donc de plusieurs visionnages, que le long-métrage belge avait gagné ses galons de film culte dont on se remémore les répliques à grand renfort de pintes de bière et de brouhaha. Mais aussi grâce à la popularité grandissante de Damiens via des caméras caches du même acabit. Il en sera donc peut-être de même pour ce « Music Hole » qui, à première vue et à la sortie de salle, est juste un petit film belge sans budget, très singulier, iconoclaste et sympathique, mais certainement pas immanquable.
Nous verrons donc avec le temps si ce mélange de polar tarantinesque et d’humour belge à froid gagnera ses lettres de noblesse. Pour le moment c’est juste un succédané de son illustre aîné avec lequel il partage tout de même le goût pour des séquences complètement délirantes et des répliques qui claquent. Et, surtout, on apprécie certainement davantage certaines séquences de manière individuelle (comme des courts-métrages) pour leur côté vraiment perché, que le film dans son ensemble. Le genre de productions dont les monteurs de bandes-annonces doivent se délecter tant il est facile d’attirer le public, friand de ce genre de cinéma, en piochant les meilleurs moments de l’œuvre. En revanche, c’est peut-être encore plus décalé que « Dikkenek », plus sombre aussi et donc moins drôle. L’aspect polar violent venant croquer une bonne part d’humour, ce qui n’est d’ailleurs pas un défaut mais un constat. D’ailleurs pas d’inquiétude, si on ne rit pas à gorge déployée, les dialogues et les situations absurdes nous donnent un sourire constant.
Du côté des points positifs, on peut souligner une mise en scène bien plus travaillée qu’à l’accoutumée pour ce genre de film et une atmosphère grisâtre qui se plaît à enfoncer encore plus les clichés sur le Belgique profonde, tendance prolétaire wallons. Les acteurs s’en donnent à cœur joie et on le droit à une belle brochette de personnages cintrés, compétemment tordus et idiots. Affreux, sales et méchants aurait pu être le titre de ce « Music Hole ». Le montage, malin d’apparence, semble être le cache-misère d’une intrigue tarabiscotée et finalement improbable et prétexte. Mais ce n’est pas le but premier du film d’être cohérent donc il vaut mieux ne pas trop se creuser la tête. Sa courte est un avantage car il aurait pu lasser et il ne souffre pas des longueurs dont pouvait faire les frais « Dikkenek » à l’époque. A voir si avec le temps, ce drôle d’ovni cinématographique gagne sa place au rang des petites pépites cultes du cinéma belge comme ont pu le faire son modèle ou encore « C’est arrivé près de chez vous » ...
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.