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    Fièvre Méditerranéenne
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Fièvre Méditerranéenne" et de son tournage !

    Cinéaste mélancolique mais drôle

    Maha Haj se définit comme une réalisatrice mélancolique, mais dotée d’un certain sens de l’humour. Elle a donc écrit ce film noir, Fièvre Méditerranéenne, sur Walid, un dépressif chronique qui aspire à devenir écrivain. Elle explique :

    "Par le biais de ce personnage, j’ai poussé à leurs extrêmes des pensées qui peuvent m’être familières. Je connais intimement sa personnalité et son caractère. J’ai ainsi tourné en dérision mon propre côté sombre à travers un homme qui me ressemble sur certains points, tout en étant différent de moi."

    Se centrer sur Walid

    Le film précédent de Maha Haj, Personal Affairs, parlait de l’identité des Palestiniens qui habitent en Israël, en Cisjordanie et en exil. Les personnages étaient emprisonnés, frustrés et désespérés du fait de la complexité de leur existence en tant que Palestiniens. La cinéaste précise :

    "Walid, un arabe israélien de Haïfa, n’échappe pas non plus à ces mêmes sentiments de réclusion et d’expropriation. Cette fois-ci, cependant, j’ai choisi de me focaliser sur un seul personnage et de traiter la question de la dépression à l’échelle de l’individu, et non à l’échelle de la société."

    "La vie de Walid pourrait paraître réconfortante et désirable pour la plupart des gens : une femme aimante, des enfants heureux, des parents chaleureux et une belle maison... Et pourtant, et ceci rejoint ma compréhension personnelle de la dépression, quelque chose manque toujours."

    Jalal

    Au personnage de Walid, Maha Haj oppose celui de Jalal, une personnalité qui a toujours attirée la réalisatrice : "Jalal est un petit voyou optimiste, plein de vie, et il a bien trop les pieds sur terre pour sombrer dans la dépression. Il est le contraire de Walid, si bien que de leur rencontre naît une dimension comique qui éclaire l’histoire ténébreuse de Walid. Le téléscopage de leurs deux mondes, opposés, donne de la profondeur aux personnages et fait émerger une solution à leur crise existentielle."

    Côté casting

    Le choix des deux interprètes principaux s’est fait de deux manières totalement différentes : Maha Haj avait, depuis le début de l’écriture, Amer Hlehel à l’esprit pour Walid. Elle se rappelle : "Nous en avons un jour discuté dans un petit café, où je lui ai exposé le personnage et sa trajectoire. Il a immédiatement accepté et cela m’a aidée pour la suite de l’écriture."

    "C’était très différent pour Jalal. Nous avons fait passer énormément d’auditions, et les acteurs étaient tous très doués, mais ils n’étaient pas Jalal, il leur manquait quelque chose. Quand Ashraf Farah est entré dans la pièce et a fait sa première lecture, j’ai tout de suite su que c’était l’acteur idéal. La combinaison des deux acteurs m’a offert une première vision concrète de mon film."

    Fièvre méditerranéenne...

    Cette fièvre méditerranéenne affecte certains des habitants de la région : il s'agit d'une maladie profondément ancrée à cet endroit. Maha Haj confie : "Elle reflète aussi d’autres maux plus évidents : politiques, sociaux et psychologiques. Le film se focalise ouvertement sur cette maladie, bien que ce soit ces maux qui m’intéressent, ceux qu’on n’examine pas au microscope, ceux qui ne sont ni diagnostiqués ni soignés."

    Dépression fonctionnelle

    Walid souffre de dépression fonctionnelle. Il la vit au quotidien, alors qu’il se promène dans la rue, nettoie sa maison et endosse son rôle de père… "Sa dépression le dévore à petit feu, mais il continue à mener sa vie. Il est aussi un père qui aime profondément ses enfants. En tant que dépressif fonctionnel, Walid n’est pas insensible à la vie, au contraire, il se fait trop de souci pour tout, y compris pour le monde dans lequel il vit. Cela explique son intérêt voire son obsession pour la politique", précise Maha Haj.

    Tournage

    Un tiers de la population d’Haïfa est palestinien. Une partie de ses quartiers reste négligée et délabrée, et cela depuis le début de l’occupation en 1948, tels que les quartiers de Wadi Saleeb, Wadi Nisnass ou encore Halleesa. Maha Haj se rappelle :

    "Nous avons tourné dans ces endroits afin de montrer le côté palestinien de la ville. Le tournage a eu lieu en automne pour s’ancrer davantage dans l’atmosphère tourmentée de la région, avec ses ciels gris et nuageux, et sa mer agitée. Cette atmosphère mélancolique et ces couleurs participent au désespoir et à la dépression de Walid."

    Cannes 2022

    Fièvre méditerranéenne a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.

    Un film politique ?

    Maha Haj a dédié la projection cannoise du film à la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée par la police israélienne en mai 2022 alors qu'elle couvrait une offensive de Tsahal à Jénine. Considérée comme une figure majeure du journalisme en Palestine, elle travaillait pour la chaîne Al Jazeera depuis la fin des années 1990. Sa mort et ses funérailles ont donné lieu à de vives tensions entre les autorités palestiniennes et israéliennes. La réalisatrice explique :

    "Je n’ai pas conçu Fièvre Méditerranéenne comme un film politique, mais si les spectateurs le voient comme un film politique, je ne peux pas dire le contraire. La politique est indissociable de mon quotidien en tant que Palestinienne. Aussi personnelle l’histoire du film soit-elle, la politique est toujours en arrière-plan. La dépression de Walid fait écho au sentiment d’emprisonnement des Palestiniens. Rien ne change et on ne voit pas la lumière au bout du tunnel."

    "C’est l’une des causes de la souffrance de Walid. C’était une obligation pour moi de dédier la projection au Festival de Cannes à la journaliste Shireen Abu Akleh, deux semaines après son assassinat. C’était un devoir en tant que Palestinienne, en tant que femme, en tant qu’artiste, et en tant qu’être humain."

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