Il y a bientôt 9 ans, la jeune réalisatrice coréenne July Jung avait impressionné la Croisette avec "A girl at my door", son premier film, présenté dans la sélection Un Certain Regard. Depuis, rien ! Autant dire qu'on pouvait être impatient de voir son deuxième film. "About Kim Sohee" est ce deuxième film, il était de nouveau à Cannes, en clôture de la Semaine de la Critique 2022 et il est ... un peu décevant ! Partagé en deux parties de longueur égale, il raconte l'histoire de Kom Sohee, une jeune fille qui termine ses études dans un lycée agricole en faisant un stage dans un centre d'appel de Korea Telecom. Son travail : s'efforcer de faire changer d'avis les clients qui appellent pour résilier leurs contrats. Le film montre une société coréenne (aux deux sens du mot société !) obsédée par les notations et les classements, une société dans laquelle le droit du travail n'est pas respecté, une société qui, par le travail proprement dit et une ambiance de travail détestable, va arriver à pousser Kim Sohee au suicide, alors qu'au départ c'était une jeune fille pleine de vie et de vigueur. Fin de la première partie, avec Kim Si-Eun, une jeune comédienne très convaincante dans le rôle de Kim Sohee. La deuxième partie met en scène Oh Yoo-jin, une inspectrice de police qui va se battre pour montrer que le suicide de Kim Sohee est bien autre chose qu'un suicide banal, se rendant chez Korea Telecom, rencontrant des ami.e.s et les parents de Kim Sohee, se rendant dans l'école où étudiait Kim Sohee, se rendant au ministère de l'éducation nationale pour comprendre pourquoi la qualité des stages est si mal évaluée, rencontrant partout des gens qui se renvoient la responsabilité de ce suicide. Une dénonciation en règle de la société coréenne pour laquelle seul compte le profit et qui broie ses jeunes que ce soit à l'école ou dans la vie active, ce qui entraîne un fort taux de suicide chez les jeunes. Pour interpréter Oh Yoo-jin, on retrouve Doona Bae, déjà policière dans "A girl at my door" et présente dans de nombreux films coréens. Il parait qu'en Corée, une histoire similaire à celle vécue par Kim Sohee a abouti à faire modifier la loi sur les conditions de travail des stagiaires. Mais alors pourquoi trouver décevant un tel film, au thème très fort et très bien interprété ? Tout simplement, parce qu'il manque de rythme, qu'est trop long et souvent répétitif. Vraiment dommage !