Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, où il a obtenu la Caméra d'or, qui récompense le meilleur premier film, toutes sections confondues.
War Pony est mis en scène par Gina Gammell et Riley Keough, qui font leurs débuts en tant que réalisatrices. Keough est plus connue en tant que comédienne : on l'a vue dans Mad Max : Fury Road, Logan Lucky, ainsi que les séries The Girlfriend Experience et Daisy Jones and The Six.
C'est lors du tournage d'American Honey en 2015 dans le Dakota du Sud, que Riley Keough a rencontré Bill Reddy et Franklin Sioux Bob, les deux co-scénaristes natifs américains de War Pony. Ils étaient figurants sur le film d'Andrea Arnold. "Ces deux jeunes hommes ont un magnétisme rare. Peu après le tournage, nous avons décidé de leur rendre visite dans leur ville natale, Pine Ridge. Nous y sommes retournés régulièrement. Chaque fois, nous avons rencontré des membres de la communauté. Nous sommes tombées progressivement amoureuses de cet endroit indescriptible. Après quelques voyages, Frank et Bill ont commencé à s’intéresser au travail que nous faisons. Nous leur avons demandé s’ils voulaient faire un film et cette amitié a évolué de façon très organique vers ce projet", raconte Keough. Le film est ainsi nourri des anecdotes et des souvenirs des deux hommes.
Les personnages et les comédiens de War Pony sont des Oglala Lakota et des Sicangu Lakota de la tribu des Sioux Oglala et de la tribu des Sioux Rosebud, toutes deux reconnues par le gouvernement fédéral des États-Unis. Le film se déroule dans la réserve de Pine Ridge, les terres souveraines des Oglala Lakota dans le Dakota du Sud.
War Pony montre le sort des natifs américains aux État-Unis, exclus du "rêve américain", à l'instar des autres minorités telles que les Afro-américains et les communautés défavorisées. Les réalisatrices expliquent : "Toutes les communautés marginalisées sont confrontées à la survie économique, l’exclusion, et c’est un phénomène mondial. Aux Etats-Unis, ils subissent une oppression systémique. Ces communautés ont subi des traumas qui se transmettent de génération en génération et il y a beaucoup à faire pour les minorités ethniques. L’expérience des minorités visibles est très différente de l’expérience blanche, quelle que soit la tranche économique."
Gina Gammell et Riley Keough sont deux femmes blanches réalisant un film sur une communauté à laquelle elles n'appartiennent pas. Elles sont conscientes qu'elles peuvent être accusées d'appropriation culturelle. Keough répond : "Ce n’est pas parce que notre histoire prend le point de vue des natifs américains qu’elle aurait forcément intéressé un réalisateur natif. D’ailleurs, un scénariste ou réalisateur natif pourrait avoir envie aussi de raconter les histoires d’autres peuples que le sien. Cette communauté a été peu représentée au cinéma et je pense qu’une partie du cinéma va prendre cette direction, à savoir : donner une voix à ceux qui en ont longtemps été privés. Nous sommes très honorées d’être partie prenante de ce mouvement." Sa comparse renchérit : "Notre souci était de collaborer avec eux de façon profonde, respectueuse et signifiante, il ne fallait surtout pas les considérer comme de simples consultants. Nous devions honorer les voix de Bill et de Frank et de tous les gens dont nous racontions l’histoire."