Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.
Ariel Escalante Meza décrit Domingo et la brume comme "un film néo-réaliste, peuplé de fantômes. C'est un film à la fois personnel et politique, douloureusement réaliste mais joyeusement imaginatif." Il ajoute qu'il s'agit d'un film "sur la perte, la rédemption et la justice. C'est un cri de révolte et une prière pour le changement".
Domingo et la brume s'ancre avant tout dans un territoire. Le réalisateur a été frappé par la beauté de Cascajal de Coronado, dans la périphérie de San José, la capitale du Costa Rica : "Je suis immédiatement tombé amoureux de cet endroit, de ces magnifiques paysages, composés de montagnes denses, recouvertes d'une brume épaisse. C'est un endroit, vierge ou presque, qui ne dispose d'aucune infrastructure touristique. Une communauté rurale et pauvre y vit." Il a été frappé de voir que si cette communauté a été préservée, c'est parce qu'elle regroupe les citoyens les plus défavorisés qui ont été chassés des villes. "Cette dure réalité, combinée à des éléments naturels et surnaturels, ont composé la trame de Domingo et la brume."
Pour le réalisateur, il était impensable de faire reposer un film aussi atmosphérique sur des effets spéciaux numériques et coûteux : "Non pas que je sois contre l'utilisation des images de synthèse bien sûr, mais cela ne cadrait pas avec la politique et l'esthétique du film". Pour créer la brume, l'équipe a bricolé des pulvérisateurs thermiques utilisés à l'origine pour fertiliser les champs. Ils fonctionnaient avec du butane, permettant d'être facilement transportés car ils ne nécessitaient pas d'accès à l'électricité.
Pour constituer le casting, le réalisateur a choisi le conflit et la confrontation, plutôt que l'harmonie. En cherchant des acteurs aussi bien professionnels qu'amateurs, il voulait créer une émulation entre eux et les sortir de leur zone de confort. "Je voulais la profondeur et la technique d'un acteur professionnel. Mais je me sentais aussi obligé de dépeindre cette réalité, en faisant appel à ceux qui la vivent : c'est-à-dire des gens qui ont passé une vie entière à être effectivement ces personnages".
Carlos Ureña, qui incarne Domingo, a un profil singulier puisqu'il a fait des études d'art dramatiques dans les années 1970 mais n'a jamais fait carrière et a obtenu son premier rôle 45 ans plus tard ! "Je crois que le secret de sa prestation vient du fait qu'il est à la fois un acteur vétéran et un débutant".
Pour Ariel Escalante Meza, "l'art devrait toujours être politique". Diplômé en Sciences Politiques et issu d'un milieu familial très politisé, il est en colère contre la violence sociale, économique et politique de son pays : "je voudrais que le Costa Rica soit un pays plus inclusif et égalitaire. Si mon film y contribue, je serais l'homme le plus heureux du monde".