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    EO
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "EO" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Il y a plusieurs dizaines d’années, Jerzy Skolimowski avait dit lors d'une interview dans les Cahiers du Cinéma que le seul film qui l'avait ému aux larmes était Au hasard Balthazar (1966). Le célèbre metteur en scène polonais se rappelle :

    "Je pense l’avoir découvert juste après sa sortie. Depuis, je n’ai pas versé une seule larme au cinéma. Ainsi, je dois à Robert Bresson d’avoir acquis la conviction que de faire d’un animal un personnage de film est non seulement possible, mais aussi une grande source d’émotions."

    Les émotions au centre

    Jerzy Skolimowski a avant tout cherché à faire un film émotionnel : "J'ai dirigé de très grands acteurs comme Robert Duvall ou Jeremy Irons - deux parmi les plus généreux avec lesquels j’ai travaillé, des êtres merveilleux. Les réalisateurs recourent à des arguments intellectuels pour obtenir des acteurs l’effet désiré, utilisent le langage pour provoquer leurs émotions."

    "Avec mon âne, le seul moyen de le persuader de faire quoi que ce soit était la tendresse : des mots susurrés à son oreille et quelques caresses amicales. Élever la voix, montrer son impatience ou sa nervosité aurait été le plus court chemin vers le désastre", raconte le réalisateur du percutant Essential Killing (2011).

    Le choix de l'âne

    Lorsque l’éleveur a montré à Jerzy Skolimowski les photos des ânes disponibles, le cinéaste a tout de suite aimé ceux de la race sarde. Il se rappelle : "Je savais qu’EO devait être gris avec des taches blanches autour des yeux. Je suis donc allé dans une écurie des environs de Varsovie pour rendre visite à l’animal qui m’avait le plus séduit sur les photos."

    "Il s’appelle Tako. Dès que je l’ai vu, j’ai su qu’il serait la star de mon film. Un second casting a été réalisé ensuite afin de lui trouver les meilleures doublures possibles. Nous avons employé 6 ânes au total : Tako, Hola, Marietta, Ettore, Rocco et Mela."

    Un habitué de la croisette

    EO a concouru en compétition au Festival de Cannes 2022, où il a remporté le Prix du jury. Jerzy Skolimowski connaît bien la croisette puisqu'il y est retourné à plusieurs reprises depuis qu'il y a présenté Walkower en 1965 :

    "À l’époque de mes débuts, lors de mon premier festival de Cannes, un jeune américain était venu me féliciter après la projection de Walkover, et bien que mon anglais soit limité à l’époque, nous sommes devenus instantanément amis. Il s’agissait de Jack Nicholson, qui découvrait Cannes lui aussi."

    "Fumer un joint avec lui sur la plage ce soir-là reste l’un de mes plus beaux souvenirs cannois. Y revenir pour la septième fois est une expérience douce-amère. Nombre de ceux que j’y ai rencontrés au fil des ans ne sont plus de ce monde, d’autres ne peuvent pas y venir."

    Scénariste de confiance

    EO est le quatrième scénario que Jerzy Skolimowski a écrit avec Ewa Piaskowska après Essential Killing11 minutes et Quatre nuits avec Anna. Il confie : "La méthode est simple : l’un de nous a une idée (dans le cas d’EO, c’était Ewa, dans le cas d’Essential Killing, c’était moi), puis on s’accorde une bonne séance de brainstorming."

    "Ensuite c’est Ewa qui assure la plus grande partie de l’écriture, avec moi aux ajustements, qu’il s’agisse d’ajouts ou de coupes. Nous écrivons généralement en polonais, puis c’est toujours Ewa qui prend en charge la traduction en anglais."

    Caractères multiples

    Les ânes ont une nature étonnamment idiosyncrasique. Tous ceux que Jerzy Skolimowski et son équipe ont utilisés pour les besoins de EO avaient des caractères très différents, ce qui rendait la réalisation de chaque plan assez imprévisible. Le metteur en scène se souvient :

    "Essayer de savoir ce que tel âne aime ou déteste, craint ou adore, c’était tenter de résoudre une énigme passionnante. Parfois, quelque chose de tout à fait anodin, un câble laissé sur le sol par exemple, pouvait devenir soudain un obstacle insurmontable pour eux."

    "Tandis que ce qu’on imaginait pouvoir être effrayant, une chute d’eau jaillissant d’un énorme barrage par exemple, s’avérait ne poser aucun problème. L’idée reçue sur les ânes - à savoir qu’ils sont têtus - est absolument vraie."

    "Parfois, il nous était plus facile de réorganiser la mise en scène, ou tel mouvement de caméra prévu, plutôt qu’essayer de convaincre l’âne de faire quelque chose qu’il ne voulait pas faire."

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