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    Une affaire d'honneur
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Une affaire d'honneur" et de son tournage !

    Un vieux rêve

    Vincent Perez a toujours voulu réaliser un film autour de la thématique du duel, sans jamais vraiment trouver comment et dans quelle époque. Mais il voulait avant tout être prêt en tant que cinéaste. Il explique : "Dans ma carrière d’acteur j’ai fait plus d’une trentaine de combats, à l’épée, au sabre et fleuret, notamment dans Le BossuLa Reine Margot et Fanfan la Tulipe. J’ai travaillé avec des cascadeurs chinois, russes, américains. Parmi eux de très grands maîtres d’armes dont William Hobbs, qui a signé parmi les plus beaux duels du cinéma, dont ceux des Duellistes de Ridley Scott, jusqu’au fameux Game of Thrones."

    "Sur le tournage de J'accuse, dans une discussion, Jean Dujardin m’a dit que je devrais faire un film sur le sujet du combat. Il a alors réouvert cette boîte de Pandore que j’avais fermée. Je me suis rendu compte que le désir de réaliser un film sur le sujet était resté intact. Mais cette fois-ci je me sentais prêt. Je me suis immédiatement mis à effectuer des recherches."

    De précieux documents

    Vincent Perez a alors découvert sur Internet L’Annuaire du duel, 1880 -1889, un document qui recense les plus grands duels de ces neuf années (à un moment où ils ont connu, en France, un véritable boom). Un autre ouvrage a été très important pour le film : L’art du duel, écrit en 1886 : "C’était la Bible de tous les duellistes de l’Hexagone. Écrit par Adolphe Eugène Tavernier, qui possédait une salle d’armes et qui était à la fois collectionneur, auteur et journaliste et escrimeur."

    "Le livre est une mine d’informations sur le duel, sa technique, ses armes, ses règles, sa noblesse et son protocole. À l’époque L’art du duel a remplacé l’autre référence absolue écrite en 1836, l’ouvrage du Comte de Chatauvillard, qui contient des pages passionnantes sur l’évolution des différentes techniques de combats. J’avais une belle matière pour construire une histoire…", confie le cinéaste.

    Naissance du héros

    Au gré de ses recherches, Vincent Perez a conçu son héros : un ancien militaire, taiseux, assez austère, qui incarne l’idée de la noblesse du maître d’armes et qui a une forme de pureté intangible. Il précise : "J’ai imaginé que, dévasté par la débâcle de 70 et la mort de nombre de ses amis, cet homme qui aurait traversé l’horreur, serait devenu, à sa manière, une sorte de « Samouraï ». Le maniement des armes constituerait désormais le seul centre d’intérêt de son existence : il consacrerait sa vie à former et entraîner des duellistes, autant pour essayer de leur apprendre à vaincre et à sauver leur vie, que pour leur inculquer le sens de la droiture."

    "Je l’ai appelé Clément Lacaze en souvenir de mon premier professeur d’escrime au Conservatoire et je l’ai « nourri » non seulement de tous les maîtres d’armes qui m’avaient marqué, mais aussi des nombreux héros de cinéma qui m’avaient fasciné, ceux des Sept samouraïs, et des grands films de Kurosawa ainsi que les westerns de John Ford et d’Howard Hawks."

    Pourquoi 1887 ?

    1887 est une année charnière, avec les premiers soubresauts des éclairages électriques, l’arrivée du gramophone, la motorisation des véhicules et la construction du premier étage de la tour Eiffel. Elle annonce à certains signes — dont la timide percée du féminisme — l’arrivée du 20ème siècle et de son modernisme. Vincent Perez raconte : "Mais c’est une époque encore très marquée par les traditions du XIX°, notamment celles des codes sociétaux. La pratique du duel s’est encore intensifiée à partir de 1881 avec la promulgation de la loi sur la liberté de la presse."

    "Autorisés du jour au lendemain à publier ce qu’ils voulaient sans risque de censure, les plumitifs de tous bords, journalistes comme écrivains, multiplièrent les provocations, suscitant une hausse sans précédent des demandes de réparation. Il en résulta que les grands journaux nationaux comme Le Figaro, Le Gil Blas ou Le Petit Journal et beaucoup d’autres, se dotèrent de salles d’escrime pour former leurs journalistes aux techniques du duel, et ils accordaient une prime à leurs collaborateurs engagés dans un combat."

    Ferdinand Massat

    Ferdinand Massat, interprété par Damien Bonnard, a vraiment existé. "Il a vraiment raillé les femmes et il s’est vraiment battu. Sa misogynie, comme celle de nombre de ses confrères, serait impensable aujourd’hui. Il traîna à maintes reprises dans la boue Marie-Rose Astié de Valsayre — incarnée par Doria Tillier — qui a réellement existé elle aussi", confie Vincent Perez.

    Travail de recherches

    Pour réaliser Une affaire d'honneurVincent Perez a accompli un important travail de recherches qui ont résulté en 250 pages illustrées par plus 1 200 images de références (gravures, portraits, tableaux…) : "Comme j’y avais consigné ce que je voulais et aussi ce que je ne voulais pas, et que je l’avais orchestré en séquences, comme un double imagé de mon scénario, je l’avais mis à la disposition de tous les chefs de poste (accessoiristes, décorateurs, costumiers, maquilleurs, etc..). Il s’est avéré précieux pour les discussions sur les textures et les couleurs prédominantes du film à venir."

    "Parallèlement, j’ai dessiné au crayon toutes les scènes du film. Je voulais pouvoir m’y référer en cas de doute ou d’oubli. On imagine un film en l’écrivant, je voulais préserver mon film rêvé donc je l’ai dessiné. J’ai rempli des dizaines de cahiers, fait des milliers de dessins, ça m’a pris un temps fou", se souvient le réalsiateur.

    Retrouvailles

    Roschdy Zem et Doria Tillier ont partagé l'affiche de la comédie dramatique Le Jeu (2018) de Fred Cavayé.

    Eclairage

    Vincent Perez a voulu raconter cette histoire avec le plus de réalisme possible. La directrice de la photographie Lucie Baudinaud et le cinéaste ont surtout cherché à restituer la lumière de l’époque. Ce dernier explique : "En cette fin du 19e, le monde change, et l’éclairage suit le mouvement. Les lampes à pétrole commencent à disparaître et l’électricité s’installe un peu partout, provoquant de l’émerveillement mais aussi des peurs. Une rumeur circulait que l’électricité pouvait rendre aveugle, mais elle fut acceptée et changea de manière radicale l’éclairage des rues et des intérieurs."

    "Rappelons-le au passage — les lampes à gaz provoquèrent de dramatiques incendies, comme celui de l’Opéra-Comique, un sinistre gigantesque dont les femmes payèrent le plus lourd tribut, prisonnières de leurs robes qui les transformèrent en torches vivantes. C’est une des raisons pour laquelle Marie-Rose Astié de Valsayre revendiquait, pour les femmes, le droit au port du pantalon qui leur était formellement interdit par la loi."

    Une pointure

    Vincent Perez collabore une nouvelle fois avec le maître d’armes Michel Carliez, que le metteur en scène a rencontré sur Cyrano. "Il m’entraîne pour chaque film où des épées sont engagées. J’ai rencontré Michel alors qu’il assistait William Hobbs. Will était la grande référence des anglo-saxons, un homme merveilleux, qui aimait l’improvisation dans les combats. La technique de Michel est dirigée vers l'entraînement et le travail. Il inculque le contrôle et la précision dans la vitesse. Il est le seul héritier légitime de l’escrime que je connaisse au cinéma."

    "Il fait partie de cette école noble des armes, et poursuit le long chemin de ses aïeux et de son père Claude Carliez. Il connaît l’histoire du maniement des armes, comme peu de gens. Michel est un homme précieux, car il détient la mémoire de l’histoire de cette discipline, qui est en train de disparaître", raconte-t-il.

    Roschdy Zem se remet à l'escrime

    Roschdy Zem a déjà abordé l’escrime, en 2001, pour les besoins de Blanche. Dans ce film de Bernie Bonvoisin, l'acteur jouait un espion à la solde de Mazarin. Il se rappelle : "Comme ses scènes de combats étaient nombreuses, j’avais dû beaucoup m’entraîner et j’avais adoré ça. Mon seul regret avait été que la plupart de ces scènes avaient été coupées au montage. Dans Une affaire d'honneur, comme elles étaient le cœur de l’intrigue, elles ne risquaient pas de subir le même sort."

    "Je me suis remis à l’escrime avec un grand bonheur. J’aime les films qui obligent à se frotter à des activités physiques nouvelles ou qu’on n’a pas pratiqué depuis longtemps. Cela dégonfle les egos car on est obligé de les aborder avec humilité. L’escrime en particulier, parce que c’est une discipline d’une grande intensité, et qui exige une condition physique exceptionnelle."

    Préparation pour Doria Tillier

    N’étant pas une grande adepte de sport selon ses propres dires, Doria Tillier a répété trois mois à raison de quatre séances par semaine : deux d’escrime avec Michel Carliez, qui a chorégraphié les duels, et deux de sport avec un coach chargé de renforcer les muscles les plus sollicités par l’escrime. "Ça a été assez contraignant, mais ça m’a permis d’adopter une discipline sportive que j’ai conservée (un peu !) depuis. En fait, à part quelques mouvements de base, j’ai surtout appris la chorégraphie de mes duels. Je pensais que je craindrais mes adversaires, en réalité, à cause de ma maladresse, j’ai surtout eu la trouille de blesser quelqu’un, notamment la cameraman, lorsqu’elle s’approchait trop de moi. Mais, il n’y a eu aucun pépin", confie la comédienne.

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