Fario a été présenté en compétition officielle lors de la 77e édition du Festival de Locarno au mois d’août 2024 ainsi que dans la catégorie "Premiers rendez-vous" au dernier Festival du film francophone d’Angoulême (FFA).
Après deux courts-métrages — Les Rosiers grimpants (2016) et Va dans les bois (2021) — Lucie Prost réalise avec Fario son premier long-métrage.
En dépeignant une enquête sur des truites aux comportements étranges, Lucie Prost flirte avec le fantastique. Fario s'inscrit ainsi dans la veine du cinéma de genre, très en vogue ces dernières années avec des films comme La Nuée de Just Philippot Le Règne Animal de Thomas Cailley ou Petit Paysan d’Hubert Charuel.
Pour écrire Fario, la réalisatrice s’est inspirée des lieux de son enfance comme la vallée de la Loue, où habitait sa grand-mère. C’est là d'ailleurs qu’elle a pu se rendre compte de la disparition progressive des truites à cause de la pollution.
De nombreuses scènes du film se déroulent de nuit, une volonté de la réalisatrice : " La nuit, il y a une porosité entre le réel et l’imaginaire, entre les classes sociales, entre les générations. C’est le lieu de la fête, du théâtre, des concerts, du cinéma, des lieux non identifiés ", explique-t-elle.
Lucie Prost a pris la décision de tourner son film majoritairement en argentique, trouvant le rendu plus beau. Mais il y a également une autre explication à ce choix : " Avec la pellicule, on ne peut pas démultiplier les prises. Il faut qu’il se passe quelque chose au moment où l’on tourne. J’ai fait des études de théâtre à la fac et dans une école, et j’aime ce moment de danger où techniciens et comédiens sont concentrés et se lancent comme si c’était la seule prise ".
Cependant, quatre minutes du film ont malgré tout été tournées en numérique, car il fallait rajouter des effets spéciaux en 3D et des nuits américaines, peu envisageables avec un tournage en argentique.
Inspirée par Oncle Boonmee de Apichatpong Weerasethakul, Lucie Prost a imaginé des effets spéciaux avec un rendu très artisanal : " Le film est très poétique je trouve, je ne voulais pas que le côté lisse et hyperréaliste de la 3D ressorte. Le film est une fiction, un conte. On a essayé de tourner et d’intégrer un maximum d’images réelles ", déclare-t-elle. Reste qu'une bonne partie des effets spéciaux a été réalisée avec de la 3D pour plus de facilité.
L’ingénieur du son Cédric Berger a enregistré des bruits extérieurs, parfois pendant des nuits entières, afin de rendre compte des différentes ambiances nocturnes. Quant au monteur son Damien Boitel, il a enregistré des sons de grenouilles pendant ses vacances, qu’il passait non loin du tournage. Une nuit cependant, les micros ont pris l’eau à cause d’un terrible orage !
Les incursions dans le merveilleux viennent aussi des hallucinations provoquées par la consommation de LSD du héros, joué parFinnegan Oldfield. Pour être au plus près des sensations provoquées par la drogue, Lucie Prost s’est basée notamment sur le travail du vidéaste Ben Russell.
Finnegan Oldfield a été sélectionné après un casting fait en 2019. Un choix idéal pour Lucie Prost car l’acteur pratique l’escalade et a réalisé lui-même toutes ses cascades, notamment celle où son corps évanoui glisse dans la rivière, dans une eau à… dix degrés !
L’une des scènes les plus agréables à tourner pour la cinéaste est celle du Songe d’une Nuit d’été de Shakespeare. Si elle n'a pas de lien direct avec l'intrigue principale, elle "éclaire le récit" par les thèmes abordés dans la pièce comme la sexualité, le désir et le merveilleux.
Le morceau que l’on entend à la fin de Fario est composé par le groupe Structure, qui joue au début du film dans la scène du bar.