Le Théorème de Marguerite : les secrets du tournage

Ce film a été présenté en Séance Spéciale au Festival de Cannes 2023.

Quand elle avait une vingtaine d'années, Anna Novion est tombée malade et a dû rester cloîtrée six mois : "Après ma guérison, j’ai ressenti un décalage avec les gens de mon âge, je n’étais plus dans leur insouciance." C'est ce décalage au monde et aux autres qu'elle a cherché à raconter avec Le Théorème de Marguerite : "J’ai pensé aux grandes écoles, où les élèves sont parfois en dehors du monde, focalisés sur leurs études et très vite le milieu des mathématiques m’est apparu comme une évidence."

La rencontre avec Ariane Mézard, mathématicienne, a été déterminante pour la réalisatrice : "Entre nous, il y a eu un coup de cœur amical, une « reconnaissance » qui m’a bouleversée. Elle est sensible, directe, franche, ouverte aux autres. Elle dégage une force impressionnante contenue dans beaucoup de fragilité, une évidente assurance qui semble pourtant toujours s’excuser d’être là."

Elle ajoute : "C’est la première qui m’a parlé des mathématiques d’une manière artistique, en évoquant la poésie, l’imaginaire, tout ce qui m’anime aussi dans mon métier. En me parlant de sa passion, elle me parlait de la mienne. Gilles Deleuze disait très justement qu’un scientifique invente et crée autant qu’un artiste... Avec Mathieu Robin, mon co-scénariste, nous avons écrit un personnage qui s’inspirait très fortement d’Ariane et qui, en même temps, me racontait."

Le personnage de Marguerite évolue notamment dans l'univers du Mah-jong, qu'Anna Novion ne connaissait pas plus que celui des mathématiques : "on a beaucoup réfléchi sur ce qui est l’un des pivots du film : comment Marguerite, après son départ de l’ENS, allait-elle renouer avec sa passion ? On s’est rendu compte que les grands joueurs de Mah-jong sont souvent des mathématiciens : c’est un jeu où il faut des capacités intellectuelles hors norme pour s’imposer."

Ella Rumpf, révélée par Grave, n'a pas fait d'essai pour décrocher le rôle de Marguerite. La réalisatrice l'a rencontrée et a compris en l'observant qu'elle était le bon choix. "J’ai senti qu’il y avait la possibilité d’une rencontre passionnante entre Ella et le personnage, et que de cette rencontre jaillirait une Marguerite captivante. Ella dégageait une intensité, une capacité d’engagement que j’avais envie de filmer."