Ce que Luc Besson ignore est toxique pour nous tous. Cet artisan ne s’est jamais fait prier pour emmener ses références dans un immense bordel, qui n’hésite pas à presser les caricatures comme une éponge. Dernièrement, il a démontré que sa volonté n’est pas à la hauteur de son savoir-faire. Nous sommes déjà bien loin de « Leon » ou de son « 5ème Elément », quand bien même il se rapproche un peu plus de chez lui pour apporter un peu plus de magie dans son cinéma. La saga des Minimoys a été prolifique, mais elle est loin d’enchanter toute une génération. Cela constitue pourtant le postulat de départ du film, qui va commencer à accumuler les bémols pour finir sa tambouille dans une regrettable capitulation.
Barthélémy Grossmann (13m²) est à la tête d’une mise en scène, qui n’a rien à sauver, si ce n’est une minute de curiosité supplémentaire. On découvrira que cet exercice atteint rapidement ses limites, simplement parce que le récit de Besson navigue sans capitaine, ni producteur investi et avec des handicaps non-négligeables. Aussi farfelu soit-il, le cosmos a rendu un groupe d’adolescent fou amoureux d’une trilogie qui porte l’écusson de la malédiction, chose qui justifie clairement le titre d’une œuvre maudite. Mais était-ce évitable ? Probablement. Un sabotage dans les règles du lard se dessine à chaque plan, mais personne n’ira chercher un fautif. Le spectacle démarre avec paresse dans une surdose nostalgique, où les protagonistes se présentent à tour de rôle, dans un plan-séquence qui donne le tournis. Et ce tour de manège sera encore plus confus, dès lors que l’on sillonnera les terres du tournage, où les ruines de la maison d’Arthur sont synonymes de peur perte.
Il y a toujours de la place pour de l’espoir, ingénieusement converti en suspense, mais ce ne sera que des jump scares maladroits et gratuits qui vont nous tomber dessus. Le jeu des comédiens ajoute également un aspect aléatoire, loin d’être ludique et cohérent avec les événements qui se produisent, essentiellement en hors-champ, avant un final discret et sans saveur. Le triste constat se poursuit dans des dialogues qui ne sont pas ici pour développer des caricatures ennuyeuses et peu glorieuse dans cette exploration méta, qui ne transpire pas un soupçon de nanar pour se consoler. Nous aurions simplement pu évoquer un dommage collatéral, mais le problème est plus profond dans ce « Arthur, Malédiction », qui profane ses reliques pour un peu plus de merchandising et qui arbore un minimalisme artistique plongeant le divertissement dans un coma, tout ce qu’il y a de plus horrifique.