Here - Les plus belles années de notre vie est adapté du roman graphique Ici de Richard McGuire, publié en 2014 et lauréat du Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2016.
Pour le producteur Jack Rapke, Here - Les plus belles années de notre vie peut presque être qualifié de film sur le voyage dans le temps : "Le temps passe, mais l'espace dans lequel nous nous trouvons est constant. Les styles changent, les canapés s'usent, de nouvelles personnes arrivent et changent tout, mais la géométrie et la géographie de cette pièce ne changent jamais. Il s'agit d'un mélange d'histoires très différentes sur des vies vécues pleinement, ou peut-être des vies qui n'ont pas été vécues pleinement".
Le film marque, trente ans après Forrest Gump, les retrouvailles entre les comédiens Tom Hanks, Robin Wright, le réalisateur Robert Zemeckis et le scénariste Eric Roth. Hanks affirme : "Nous nous connaissons tous si bien. Chaque fois que nous avons une réunion ou une conversation, il y a une règle de droit qui dit que toute suggestion doit être écoutée. L'une des choses que Bob dit toujours, c'est : « Que pensez-vous de ceci ? » et nous commençons à mélanger les idées, ce qui est un énorme avantage pour nous." Le comédien était heureux de retrouver Robin Wright, après plusieurs occasions manquées en raison de conflits d'agenda ou de projets inaboutis : "Robin est toujours la première personne à qui je pense pour jouer dans un film. C'est juste que jusque-là elle était trop occupée ou que cela n'a pas fonctionné."
L'actrice affirme que lorsque Zemeckis l'a contactée, elle était d'emblée partante : "J'ai eu l'impression de reformer le groupe. [...] Bob sait comment je travaille. Il sait comment Tom travaille. Je sais comment fonctionne l'esprit de Bob. Je sais ce qu'il attend d'une scène et je comprends ses notes parce que nous sommes déjà passés par là".
Robert Zemeckis a toujours montré un intérêt pour les expérimentations visuelles et techniques dans ses films. Here - Les plus belles années de notre vie ne déroge pas à la règle. Afin de représenter les comédiens à des âges différents, de l'adolescence au troisième âge, l'équipe a collaboré avec le studio d'effets visuels Metaphysic, qui a utilisé des milliers d'images d'archives de Tom Hanks et des autres acteurs pour créer des maquillages numériques.
Le producteur Derek Hogue détaille : "Cette technologie nous permet de savoir à quoi ressemblera une personne à un âge donné. [...] Elle nous permet de franchir "la vallée dérangeante" [ou "Uncanny valley" en anglais, une théorie du roboticien japonais Masahiro Mori qui affirme que plus un robot humanoïde ressemble à un humain, plus ses imperfections sautent aux yeux et créent le malaise, NDLR], et d'aboutir à quelque chose de crédible et d'esthétique. D'une certaine manière, cette technologie est plus souple et plus pratique que la technique traditionnelle car elle permet aux micro-expressions des comédiens de se manifester. C'est l'une des choses que Robert a toujours détestée dans les prothèses : il est difficile pour l'acteur de bouger et d'exprimer ses émotions comme il le ferait naturellement."
Sur le plateau, deux moniteurs permettaient à l'équipe de voir en temps réel à quoi ressemblait chaque acteur, l'un avec le maquillage numérique, et l'autre sans. Ainsi, le réalisateur pouvait voir par exemple Tom Hanks et Robin Wright rajeunis jouer en direct sur le plateau. Cette technique était aussi pratique pour les comédiens qui pouvaient s'assurer que leur gestuelle et leur posture correspondaient à l'âge qu'ils incarnaient.
La particularité du film est qu'il se déroule dans un lieu unique, filmé avec un seul angle de caméra. Un véritable défi pour Robert Zemeckis, qui affirme qu'il lui a fallu toute une vie de cinéaste pour savoir comment raconter cette histoire : "Lorsque vous faites un film qui se déroule à travers une seule position de caméra au fil des siècles, chaque scène doit s'inscrire dans ce cadre. Cela semble très simple, mais pour que chaque scène fonctionne pour chaque personnage à chaque époque, cela devient le décor le plus compliqué que vous puissiez imaginer".
Pour les besoins du film, et afin d'obtenir une grande profondeur de champ, l'équipe a développé un nouvel objectif, avec la collaboration de Dan Sasaki, vice-président de l'ingénierie optique chez Panavision.
La caméra ne pouvant pas être déplacée ni ajustée, il a fallu que l'équipe trouve des subterfuges sur le plateau pour pouvoir filmer les acteurs. Par exemple, Paul Bettany et son mètre 80 se déplaçaient dans une petite tranchée creusée dans le décor, afin de rester dans le champ de la caméra.
La technologie LED a également été employée pour montrer ce qui ce passe par la fenêtre de la pièce. Ces écrans permettent de remplacer les fonds verts et de projeter directement sur le plateau des images. Robert Zemeckis témoigne : "L'écran LED est formidable parce qu'il permet de changer la lumière en temps réel. Vous pouvez dire 'J'aimerais que le soleil soit un peu plus bas', et il suffit de le régler pour que les ombres s'allongent à l'extérieur de votre fenêtre. Il n'est pas nécessaire d'attendre des semaines de postproduction pour voir comment tout cela se met en place."