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    Le Pharaon, le Sauvage et la princesse
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Pharaon, le Sauvage et la princesse" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Michel Ocelot a mis six ans à tourner Dilili à Paris (2018), tout comme la pluârt de ses précédents longs métrages. Le metteur en scène a alors eu envie de s'adonner à un projet plus léger. Il avait noté il y a des années un conte recueilli par Henri Pourrat, Le Conte du Beau Sauvage :

    "J'ai gardé du beau conte d’origine plus que je ne le fais habituellement. Puis j’ai feuilleté un autre recueil, des histoires du Maroc. Dans un conte, qui traitait de tout autre chose, j’ai noté l’intérêt déclaré d’une jeune fille pour un beau marchand de beignets, un rappel d’histoires des Mille et Une Nuits."

    "Cela m’a donné l’envie de faire une « Turquerie » fantaisiste, comme Molière ou Mozart, une « comédie-ballet » en costumes exotiques sans viser une vérité historique. Je l’ai placée à Istanbul pour profiter de costumes et de décors extraordinaires."

    "J’ai tout de même pris en compte les nations qui se sont croisées dans cette extraordinaire région, l’Anatolie, avec les cris des marchands dans le marché. Le troisième conte est une de ces surprises de la vie. Le Président-Directeur du Louvre m’a invité à venir le voir, pour envisager une collaboration."

    "C’est bien volontiers que j’ai rencontré Jean-Luc Martinez. J’ai commencé par lui dire que je ne voyais absolument pas ce que je pouvais faire avec Le Louvre. Il m’a parlé d’une grande exposition en préparation qui s’appelait « Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de Napata ».

    "Cela a provoqué une grande réaction chimique dans mon cerveau. D’un côté il y avait la civilisation égyptienne qui me fascine depuis la classe de 6ème, de l’autre côté il y avait l’Afrique Noire qui fait partie de mon enfance (renforcée depuis par l’histoire de Kirikou et la Sorcière)."

    "J’ai alors proposé de faire un dessin animé sur le sujet et demandé tous les documents de l’exposition. J’ai pu ainsi admirer la préparation d’une telle exposition. J’y ai lu la traduction de La Stèle du Songe. Il s’agit d’un roi kouchite (Nord du Soudan) qui rêve qu’il conquiert l’Égypte."

    "À son réveil, c’est ce qu’il entreprend et réussit. J’ai suivi ce périple d’assez près dans mon scénario et j’ai amplifié un élément sympathique de cette dynastie, les kouchites n’étaient pas cruels et savaient pardonner. Le récit a eu l’approbation des autorités du Louvre, qui a participé à la production du film."

    "J’ai entrepris la fabrication de ce conte avec l’aide de Vincent Rondot, qui dirige le département égyptien du Louvre, et qui est le spécialiste de cette dynastie africaine. Ce fut un plaisir. Ainsi ce conte est le plus exact historiquement des trois récits. Mais j’avais de bonnes bases avec la passion d’une vie !"

    3 équipes pour 3 contes

    L'animation des trois contes a été confiée à trois équipes différentes pour leur permettre d’avancer en parallèle, mais cette organisation a plutôt été dictée par le financement. Le premier conte est dû à McGuff Belgique. L’autre financement est venu de la région Grand Est. Deux équipes ont été prévues pour les deux autres contes, une en télétravail, l’autre dans les locaux du studio EJT-Labo à Saint Quirin, en Lorraine.

    "Le télétravail n’a pas bien fonctionné, c’est un drame du coronavirus, de l’absence de contact, de logiciels pas au point… C’est l’équipe installée dans la forêt lorraine qui a été chargée du plus gros du travail, une équipe très jeune et très enthousiaste. J’étais là tout le temps bien sûr. Cela m’a permis de découvrir enfin, en bonne compagnie, cette fascinante partie du pays, l’Alsace et la Moselle", se souvient Michel Ocelot.

    "Pharaon !"

    Dans le premier conte, Michel Ocelot a repris l’esthétique des fresques de l’Égypte Antique. Le réalisateur confie : "On ne voit les personnages de face qu’au bout de quelques minutes, à partir de la scène du jeu d’échecs, avec Nasalsa et sa mère la régente, qui se tourne vers la caméra…"

    "Nous avons repris la posture particulière des bas-reliefs et des peintures égyptiennes, qui est impossible à reproduire physiquement, la tête et les jambes placées de profil et le torse vu de face. Mais cela fonctionne bien dans les peintures, et nous avons réussi à le transposer en animation."

    "En cours de route, nous avons pris des libertés pour mieux raconter l’histoire. Nous avons utilisé des vues de face et des vues de trois-quart, nécessaires pour le récit. Nous avons réellement utilisé des éléments plats, des pantins articulés, tout en utilisant une technologie numérique, bien sûr."

    "Le Beau sauvage"

    Michel Ocelot a choisi le traitement en silhouettes noires du deuxième conte parce que cela convenait bien aux pièces peu éclairées du château et aux sous-bois dans lesquels agit le beau sauvage, mais aussi par souci d’économies. Il explique :

    "Il y a toujours des questions financières, mais d’autre part j’aime beaucoup la stylisation élégante de la silhouette noire. Et elle s’harmonise bien avec le côté terrible de la situation et avec le ton du Moyen-Âge. Je gagne sur tous les tableaux."

    "La Princesse des roses et le prince des beignets"

    Dans le troisième conte, l’enchantement vient de la profusion des beaux détails : les jardins sont luxuriants, les costumes brodés et incrustés de pierres précieuses, les intérieurs regorgent de mosaïques et les décorations du carrosse du grand vizir sont chatoyantes :

    "Cette histoire fait penser à l’ouverture d’un coffre au trésor… On est émerveillé, et on a aussi une furieuse envie de manger des beignets ! Et peut-être aussi de déguster de la confiture de roses ? (rires). Dans le marché, on voit toutes sortes de bonnes choses à manger."

    "Cela fait partie des plaisirs de la vie, de la sensualité. Ce conte, c’est une histoire d’amour et de gastronomie ! J’ai bénéficié d’une excellente source de renseignements : Eminé Seker, qui m’a providentiellement assisté à la réalisation, est turque et a pu me guider."

    "C’est elle par exemple qui a suggéré les beignets à la courgette, moins « poétique » que la confiture de roses, mais plus juste, car les beignets turcs sont plutôt salés que sucrés. Les courgettes, au milieu d’un duo d’amour, ça me plaît beaucoup", raconte Michel Ocelot.

    Cette approche visuelle se situe donc à l’opposé de l’épure du premier conte : "J’aime les deux, et pour cette histoire de luxe, j’en ai ajouté et rajouté. Nous avons amplement utilisé le palais de Topkapi et d’autres plus récents, mais en en faisant toujours plus sur des installations déjà extrêmes."

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