Il y a une sorte de paradoxe dans The Outrun, censé nous décrire le cheminement de son héroïne vers la sobriété, alors que le récit est tout sauf linéaire, sorte de puzzle où les scènes se suivent sans chronologie et où seule la couleur de cheveux de son personnage principal permet de ne pas totalement s'y perdre. Il faut cependant accepter cette structure en mosaïque et finalement apprécier les moments de paix, comme redouter ceux d'excès, pour convenir qu'évidemment la vie est sinon plus folle, du moins plus harmonieuse, sans une consommation d'alcool immodérée. De toute manière, on ne peut qu'être impressionné par les paysages et le climat de ces Orcades sourcilleuses où une grande partie du film se déroule. En revanche, la voix off, avec son discours poétique, philosophique ou biologique, c'est selon, a de quoi décontenancer mais réussit quand même à créer de jolies parenthèses, qui nous permettent de souffler, en nous éloignant, pour quelques instants des traumatismes de son héroïne. Et puis, le film serait bien moins séduisant avec une interprétation autre que celle de la lumineuse Saoirse Ronan. Qu'elle soit houleuse ou apaisée, cheveux bleus, jaunes ou oranges, l'actrice soumet à notre admiration une performance grandiose comme la mer, quand elle est déchaînée, dans ces rudes îles au large de l’Écosse.