Rona, une jeune Londonienne qui a détruit son couple en sombrant dans l’alcool, décide de trouver refuge dans les Orcades, ces îles perdues au nord de l’Écosse où elle a grandi. C’est ici, dans cette nature sauvage, qu’elle cherchera à lutter contre ses démons intérieurs pour trouver un nouveau sens à sa vie.
Il y a quatre ans, Nora Fingscheidt m’avait bouleversé avec son très prometteur Benni, que je vous invite vivement à découvrir. J’étais donc assez curieux de découvrir son nouveau film, d’autant plus qu’en tête d’affiche, on y retrouve la grandiose Saoirse Ronan.
The Outrun est donc un drame intime sur une femme qui cherche à se reconstruire en luttant contre le fléau qui la ronge : l’alcoolisme.
Dès la scène d’ouverture, on est bluffé par ce qui sera l’un des atouts du film : la beauté des images. On y voit un plan qui raccorde un baiser dans une boîte de nuit à une séquence sous-marine, symbolisant l’alcool qui détruit la vie de Rona. Le film est constamment enveloppé d’un souffle onirique du plus bel effet, créant une ambiance presque hypnotique, entre rêve et réalité. Un vent qui s’abat sur cette région d’Écosse tout comme sur ces plans caméra à l’épaule, donnant régulièrement ce sentiment d’ébriété qui hante notre personnage… La beauté des images est aussi sublimée par les majestueux paysages des îles du nord de l’Écosse, qui en mettent plein les yeux et intensifient ce sentiment de solitude.
Le film adopte d’ailleurs un rythme très lent et contemplatif, qui pourra en rebuter certains, mais il est totalement justifié par le combat que mène Rona et son besoin d’isolement pour réussir à se retrouver.
On notera aussi la qualité de l’écriture, qui nous fait constamment voyager entre le passé et le présent, sans jamais nous perdre. Au contraire, ces deux temporalités se répondent et développent de manière très habile la psychologie du personnage.
Mais surtout, le grand atout du film est clairement son actrice, Saoirse Ronan, qui prouve une fois de plus que ses quatre nominations aux Oscars sont totalement justifiées. Elle livre probablement ici sa plus belle prestation. Elle est présente dans chaque scène et porte littéralement le film sur ses épaules. Son jeu est d’un naturel saisissant, en osmose avec son personnage. Sans jamais forcer, et souvent sans prononcer le moindre mot, elle parvient à transmettre des émotions puissantes aux spectateurs.
Cela dit, même si j’ai passé un bon moment, j’ai tout de même un bémol à émettre : l’utilisation de la voix-off. Même si elle apporte une certaine poésie, j’ai toujours du mal quand le cinéma privilégie le texte à l’image pour transmettre un message ou susciter une émotion. Cela vient sûrement du fait qu’il s’agit de l’adaptation d’un roman introspectif (j’ai d’ailleurs rencontré le même problème après avoir lu le fabuleux roman The Wild et en découvrant son adaptation cinématographique, qui abuse de la voix-off). Sans ces scènes, le film aurait probablement gagné en efficacité, notamment en étant plus court.
Il n’en reste pas moins un film à la fois mélancolique et lumineux, mais surtout une très belle leçon de vie.
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