Après Diane Wellington et Poussières d’Amérique (2010 et 2011), Arnaud des Pallières se penche à nouveau sur un corpus d’images d’archives américaines : "C’est l’occasion, rare pour un cinéaste, de renouer avec l’écriture la plus intime. Comme un écrivain tenant son journal, ou un peintre ses carnets d’esquisses quotidiens..."
Alors qu'Arnaud des Pallières s'apprêtait à tourner un film de fiction, celui-ci a été brusquement reporté. Le réalisateur s'est immédiatement mis au montage d’images d’archives, "Comme discipline. Comme hygiène. Pour occuper mes mains et ne pas rester sans rien faire. C’est une des plus heureuses décisions de ma vie." Si, d'ordinaire, il faut mobiliser des producteurs et des financiers et mettre en place une économie lourde et lente pour lancer un projet de long-métrage de fiction, Journal d'Amérique a permis au cinéaste de travailler de façon plus légère et minimale. Il raconte : "Je me suis mis à monter des images et des sons, sans écriture préalable, en essayant d’être tout de suite dans la construction de récits."
"Pour la première fois de ma vie, j’ai éprouvé ce que peut être une écriture automatique en cinéma. Le film s’est raconté à travers moi. Mes mains savaient mieux et plus vite que ma tête vers quoi le film allait. À partir d’images, de sons, de textes (que je connaissais très bien puisque certains constituaient le corpus restant non utilisé de Poussières d’Amérique et Diane Wellington), le film s’est élaboré peu à peu chaque jour, presque — et j’ai bien conscience du caractère ridiculement romantique d’une telle idée — comme s’il m’était dicté...", confie Arnaud des Pallières. Cette improvisation a fait de Journal d'Amérique l'expérience de travail la plus heureuse du réalisateur.
Toutes les images du film sont issues du fonds Prelinger Archives, une collection de films relatifs à l'histoire culturelle et sociale des États-Unis, fondée par l'archiviste et écrivain Rick Prelinger. Arnaud des Pallières explique : "Dès les années 70, Rick Prelinger s’est pris de passion pour le moindre bout de pellicule issu de l’immense masse de films vernaculaires américains : publicitaires, institutionnels, scientifiques, de propagande, de famille, tous voués à disparaître, qu’il glanait sur les brocantes, vide greniers, ou au pilon des laboratoires, conscient que la véritable histoire de l’Amérique y était inscrite et vivante. Dans une course contre leur destruction programmée, il a collecté, conservé, avec une vison rare : sans faire aucune hiérarchie."