Mickey et Donald (Trump)... Mickey 17 aurait dû être comme sa super bande-annonce sur du Frank Sinatra avec des scènes d'action drôles, cyniques, pétillantes, qui nous en mettait plein les yeux. Oubliez. Ça, c'était la version 1, et on ne sait pas bien quel numéro porte la version que l'on voit au cinéma, mais ça ne sent plus le Bong Joon-Ho, plutôt un produit très tiède, sans prise de risque, "bien mais pas top", à l'américaine. Alors, évidemment, Robert Pattinson est brillant dans les deux rôles qu'il tient à l'écran (non, n'espérez pas qu'il y en ait plus de deux : on a eu une attente délirante), et sauve à lui tout seul la majorité de l'intérêt du film, sachant être tristement drôle dans la peau de Mickey 17, ce gars pas très malin, pas très courageux, mais "gentil, va..." qui s'en prend plein la tête sans broncher, et en même temps parvient à faire exister dans le même cadre Mickey 18, le macho brutal qui veut tuer tout le monde. Bref, Pattinson est un bon acteur, et se démène pour faire respirer ce film très lisse, mais contrairement à son Mickey, Pattinson est tout seul. On a demandé à Mark Ruffalo d'être une caricature (malheureusement dépassée par la réalité) de Donald Trump, et n'intéresse pas davantage le scénario, idem Toni Collette qui a une lubie des sauces qui nous soule carrément (on ne voit pas ce que cela vient faire là, à part
montrer que les pauvres rampent pour avoir un quignon de pain - scène multi-répétée dans le film, pour qu'on comprenne bien - tandis que les riches ont pour seule préoccupation de savoir ce qui va au-dessus dudit quignon de pain, le fait de posséder la base du plat ne fait pas partie de leurs angoisses...
Mais pour une telle métaphore bas de plafond, a-t-on besoin d'en faire une obsession ?), il y a une pénible ouverture avec une voix off invasive qui anesthésie tout comique ou drame de la situation (et c'est bien dommage), et des grandes incohérences (
les scientifiques sont montrés comme des gros nuls très bébêtes, mais ils arrivent quand même à pondre un traducteur automatique de la langue alien, en deux secondes, et qui marche à la perfection...
Mouais.). N'espérez pas non plus voir de l'action : tout est dans la bande-annonce, cela vous donne un ordre d'idée du ratio d'action sur 2h20 de film), avec une
absence de bataille finale (désamorcée immédiatement)
, et des sujets très intéressants mais jamais exploités. L'écologie est abordée avec les colons qui détruisent la faune et la flore, la dictature avec ce patriarche timbré et colérique, raciste, misogyne, extrêmiste religieux (...il ne manque que la perruque jaune, et on y est), le traitement des ouvriers de basse extraction (les "remplaçables"), le manque d'empathie cruelle qui augmente d'année en année (les laborantins qui font subir les pires horreurs à Mickey, sous prétexte qu'il renaîtra, en se moquant de sa souffrance... Si vous avez un pincement un cœur lors de la scène de la "Pièta",
lorsque sa petite copine le tient lorsqu'il agonise en crachant du sang :
bravo, vous avez encore une âme). Ce ne sont donc pas les idées (excellentes) qu'il manque à ce Mickey 17, mais seulement leur réalisation, car on passe gentiment à côté de tous les sujets (on égratigne la surface), on n'a pas du tout la scène d'action promise à la fin, on n'a pas non plus autant d'interaction entre les deux Mickey qu'on l'attendait (ç'aurait été un motif de gags très efficace, surtout avec Pattinson à la barre, mais, c'est incompréhensible, le film n'en fait rien), et pas non plus beaucoup de réponses à quelques éléments narratifs largués entre deux dialogues
(comment les gros cloportes velus connaissaient le nom de Mickey ?
On ne saura pas). Mickey 17 confirmera quand même que Bong Joon-Ho est meilleur quand il est tout seul, en-dehors des gros studios américains, pas entouré de Producteur 22, Producteur 23, Producteur 24...