Game of clones
Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie. Rien que la teneur du pitch donne le ton de ces 137 minutes de science-fiction passablement foutraques mais signées par l’immense Bong Joon Ho, le réalisateur de Parasite qui porte ici à l'écran le livre d'Edward Ashton. Le thème de la « réplication humaine » est nouveau à l’écran et ouvre des horizons pas forcément très riants. Le cinéaste coréen confirme – s’il en est encore besoin – qu’il évolue dans un monde à part. Son film n’entre dans aucune case - et on s’en réjouit -, et prouve qu'il est encore possible de faire un cinéma de résistance au cœur de la machine hollywoodienne.
Mickey Barnes, le personnage central, n’a rien d’un héros. Il est même ce qu’on appelle ici un remplaçable. C’est en vérité un type banal, ordinaire, à qui il arrive une aventure insensée. Ce film montre à quel point les êtres humains peuvent se révéler stupides, et combien cette bêtise peut aussi les rendre attachants. Comme dans ses précédents films, Bong Joon Ho mélange les genres et multiplie les ruptures de ton. Le drame humain est formidablement bien rendu et tout ce qui se passe à bord du vaisseau saptial est tout à fait passionnant. La dernière partie, par contre, en particulier l’affrontement avec les « rampants » est un peu longuette et répétitive… dommage, car une fois de plus, ce cinéaste coréen frôle la perfection. Une fable de science-fiction spectaculaire, drôle et d’une folle originalité sur la bêtise universelle.
En tête d’affiche, Robert Pattinson, peut-être dans son meilleur rôle – devrais-je dire dans « ses meilleurs rôles » ? -, à ce jour avec à ses côtés l’excellente Naomi Ackie. le couple Mark Ruffalo / Tony Collette cabotine avec une gourmandise réjouissante. Ajoutons à ce casting de luxe, Steven Yeun et la petite frenchie Anamaria Vartolomei. Sublimé par la très belle musique de Jaeil Jung, le film s’attaque au passage à la propension des puissants à utiliser les autres comme rats de laboratoires ou comme chair à canon. Ce n’est clairement pas le chef-d’œuvre de Bong Joon-ho, mais si tous les cinéastes étaient capables de nous offrir un film de ce niveau, ça se saurait et le 7ème Art ne s’en porterait que mieux. Une comédie de science-fiction politique drôle et glaçante à la fois sur le fascisme et le transhumanisme. A voir !