Martigues, l’Etang de Berre, un petit coin du sud de la France à quelques dizaines de kilomètres de Marseille, avec la beauté de la Provence qui se mélange avec un environnement d’entreprises industrielles, raffineries, usines pétrochimiques, usines sidérurgiques. Ces usines, avec leurs salles de contrôle et leurs bureaux, il est nécessaire qu’elles soient régulièrement nettoyées. Ce sont des entreprises spécialisées qui s’en occupent, et le personnel qui effectue ces nettoyages est presque exclusivement féminin. Avec Adèle, Maryse et Djamila, Karine fait partie d’une petite équipe qui travaille de nuit dans des usines proches de Martigues, des lieux de travail où il est possible pour elle de se rendre en scooter. L’ambiance de travail est bonne, la cheffe est plutôt sympa, la paye est … modeste, tout allait plutôt bien jusqu’à ce que l’entreprise qui les employait soit rachetée et que l’acquéreur se mette en tête d’imposer aux employées un nouveau contrat de travail stipulant que leurs tâches ne seront plus définies par la seule antenne de Martigues mais, également, par une autre antenne du groupe. Arles ? 50 kilomètres de Martigues. Aix-en-Provence ? 50 kilomètres de Martigues. Comment s’y rendre pour du travail de nuit ? Quel temps de transport ? De plus, Karine souffre d’un handicap qu’elle s’efforçait de garder secret : elle est illettrée. Et pourtant, c’est elle qui, dans l’équipe, a la responsabilité remplir les listes d’achat de matériel nécessaire pour le nettoyage ! En fait, c’est Ziggy, son fils de 17 ans, qui, à la maison, dans le secret familial, est chargé de cette tâche.
Pour son premier long métrage, Sylvie Gautier, qui vient de la production de documentaires, a voulu réaliser un film de fiction sur la condition ouvrière et, tout particulièrement, la condition ouvrière féminine, tout en y greffant un autre thème qui lui tient à cœur, l’illettrisme, un thème que, déjà, elle avait abordé dans Sotte, un court-métrage qu’elle avait réalisé en 2019. Cela permet à Brillantes de se démarquer de Ouistreham, le film d’Emmanuel Carrère sorti il y a un an sur le sujet similaire du personnel d’entretien de ferrys, tout en ajoutant une pièce à cette nouvelle et heureuse émergence de films français consacrés, entièrement ou en partie, aux métiers du lien, des métiers le plus souvent féminins, des films qui, loin d’être plombants, bien au contraire, montrent la force de la solidarité qui règne dans ces métiers. C’est sans doute son passé de productrice de documentaires qui permet à Sylvie Gautier de montrer avec une grande justesse combien le poste de cheffe d’équipe, de « petite cheffe », peut se révéler ingrat : hiérarchiquement coincée entre les ouvrières et la direction, elle aimerait bien être vraiment amie avec Karine, Adèle, Maryse et Djamila, des femmes dont elle se sent proche, mais son poste le lui interdit.
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