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    L'Empire
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "L'Empire" et de son tournage !

    Un univers riche

    Bruno Dumont explique ce qui lui plaît dans la typologie et l’univers des films intergalactiques tels que La Guerre des étoiles : "Au cinéma, les odyssées spatiales, avec plus ou moins de bonheur, sont un grand spectacle très cinématographique où se jouent métaphoriquement - pour ses accointances avec les lieux et les abîmes de notre vie intérieure - les grandes questions métaphysiques irrésolues de l’humanité : la quête de l’Absolu, l’origine et la fin du monde, la lutte du Bien et du Mal, l’Apocalypse, l’Exil, l’Invasion, les mystères de la Vie, de l’Amour... Le tout avec des héros mythologiques sous les dehors et les ressorts inépuisables des lieux et des temps, ceux du passé, du présent et de l’avenir."

    "L’espace intergalactique au cinéma est ainsi un paysage représenté et naturellement fort méditatif, propice à la poussée de leurs vaisseaux à de grandes spéculations voire à de vrais « trips » , à l’au-delà de tout... L’infini n’y est même plus une abstraction, on le voit ; ainsi, beaucoup de questions et de mystères, inconcevables sur la terre, trouvent dans l’espace cinématographique sinon des réponses, au moins des représentations, c’est-à-dire déjà des équivalences. C’est donc un vrai lieu de connaissances et d’explorations pour que les mystères s’y pointent, ainsi que les échos les plus approchants de ceux de notre âme dont l’univers infini est le berceau. Cela peut être fabuleux."

    Le jeu du genre

    Avec L'Empire, Bruno Dumont a joué le jeu du genre, avec la présence de planètes antagonistes, de forces adverses, de rayons laser et autres cavaliers de l’Apocalypse, etc. Le metteur en scène explique : "Ce sont surtout des genres cinématographiques qui sont ici assemblés et, avec eux, leurs visions opposées qui, du coup, regimbent entre elles. Le tout prépare pour ainsi dire le maelström. Un genre épique, tout en Majuscule : le mythe avec tout l’attirail des Héros et des Vaisseaux spatiaux, les Idéaux bien séparés et distincts, le Bien d’un côté et Mal de l’autre..."

    "Un genre naturaliste, tout en minuscule : le réel et l’histoire avec la vicissitude de la condition humaine et l’enchevêtrement inexorable des passions. Là où tout est mêlé, la vie humaine dans laquelle tous les hommes et les femmes se démènent. L’ensemble à la bascule continuelle du tragique et du comique parce qu’elle est l’effet majeur et le jeu naturel de cet assortiment, la planche savonnée, celle de la tragi-comédie de l’existence humaine."

    Retrouvailles

    Avec L'Empire, Bruno Dumont retrouve Fabrice Luchini après Ma loute (2016). Le réalisateur note : "Fabrice Luchini marche droit à l’oreillette et c’est lui qui marche... Son costume théâtral l’a vite monté aux rideaux et, perché si haut, il a magistralement interprété l’oiseau. Le sérieux confine si naturellement au burlesque chez cet homme qui monte en spirale et descend en piquet telle une alouette au-dessus d’un champ agricole, chantant à tue-tête sa trille, consacrant à cette grande bascule d’âme si profondément humaine, son tragi-comique."

    Le Bien et le Mal

    Les planètes du Bien et du Mal sont représentées par une église et un château. Il s'agit du combat (vain) entre l’immatériel et le matériel pour Bruno Dumont : "Sur la terre, l’immatériel fait son lit dans le matériel. Ne croyant pas aux idéaux, je ne crois pas au sacré proprement dit : le sacré, c’est du profane qui germe. La Sainte-Chapelle, des pierres assemblées. La consubstantialité du monde et des choses rend pour l’esprit cette dissociation machinale, celle d’un dilemme moral, impropre."

    Boulonnais

    La plupart des acteurs de L'Empire viennent du Boulonnais, une région naturelle maritime située sur le littoral de la Manche. Bruno Dumont confie au sujet de l'interprète de Joni : "Brandon Vlieghe est mécanicien automobile, il est passé dans un dernier casting organisé quelques semaines avant le début des prises de vues parce que j’ai perdu l’acteur principal et la plupart des acteurs engagés depuis des mois à cause du report du tournage qui a naturellement mis tout sens dessus dessous dans la distribution."

    "Au final, Brandon, Anamaria, Lyna, Camille, Fabrice et Julien sont, à ce régime aléatoire dont je vous parlais, dans le meilleur des mondes possibles où nous sommes... Les meilleurs acteurs possibles. C’est toujours assez extraordinaire à voir. Tous sont au top par cette magie (et je ne vous parle même pas de Bernard et Philippe, ces héros)."

    La nature et les hommes

    Dans le film, la nature apparaît comme la preuve que la paix est possible. Ce sont les humains qui demeurent incapables de se montrer à la hauteur de celle-ci. Bruno Dumont raconte : "Mais nous sommes la Nature. Nous sommes la paix. Nous sommes la guerre. Nous sommes les terminaisons humaines de ces forces naturelles qui nous démènent, nous agitent, et que nous devons faire nôtres : nous y porter. Dans leur « théâtre », ici cinématographique, les œuvres sont faites pour nous y dresser, nous animer à leurs représentations dont elles sont, sous leurs dehors artistiques, la transfiguration : la purgation des passions humaines."

    "C’est la vocation inaltérable de l’art, du cinéma. La violence et la guerre en sont immanquablement le rebut, celui de la misère esthétique ambiante qui nous damne."

    Adèle Haenel pressentie

    Adèle Haenel devait jouer le personnage finalement tenu par Anamaria Vartolomei, mais elle a quitté le projet, estimant que le scénario était "sexiste et raciste". Bruno Dumont a répondu : "Nous devions commencer à tourner en 2021 mais tout a été reporté à cause du Covid. Et, en 2022, je retrouve Adèle Haenel, très remontée contre moi, alors que jusque-là, on s’entendait très bien. Elle a voulu changer le scénario qu’elle avait trouvé jusqu’alors complètement fou et réjouissant m’accusant notamment d’être raciste, car je ne tournais qu’avec des blancs."

    "Elle a le droit de le penser, mais elle a mis plus d’un an à le faire. En 2020, elle disait ne plus vouloir faire de cinéma mais de la politique, mais qu’elle ne pouvait pas refuser mon film. Cette volte-face totalement imprévisible et incompréhensible m’a profondément peiné, et a mis un coup à tout le monde."

    Interrogée par AlloCiné, la comédienne a expliqué : "Que signifie un film de science fiction représentant l’humanité et ses cousins intergalactiques dont l’intégralité du casting est blanc ? Concernant le scénario l’Empire de Bruno Dumont, en réalité, j’ai adressé la question du sexisme du film et du casting blanc dès notre première rencontre et j’ai tout de suite conditionné mon engagement dans ce film aux changements à effectuer en ce sens. Après un an j’ai reçu le nouveau scénario où pas une ligne n’avait été changée, c’est pourquoi je suis partie du projet. Il y a plusieurs personnes qui peuvent attester de cela..." Voir la suite

    Par ailleurs, Virginie Efira et Lily-Rose Depp étaient elles aussi pressenties pour jouer dans L'Empire, mais ont été contraintes de se retirer en raisons de problèmes d'emploi du temps. Les deux comédiennes ont été remplacées par Camille Cottin et Lyna Khoudri.

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