Le Capitaine Fracasse : les secrets du tournage

Il ne s'agit pas de la première adaptation de l'oeuvre de Théophile Gautier. Au temps du muet, plusieurs cinéastes l'avaient déjà portée à l'écran. En 1909, Victorin-Hippolyte Jasset réalise ainsi un premier Capitaine Fracasse. La même année, en Italie, le réalisateur Ernesto Maria Pasquali se lance dans Capitan Fracassa. En 1918, une autre version muette est réalisée par l'Italien Mario Caserini. Enfin, en 1927, Alberto Cavalcanti signe une version qui met en scène Pierre Blanchar et Charles Boyer.

Depuis le film d'Abel Gance, d'autres cinéastes se sont penchés sur le roman de Théophile Gautier. En 1940, une nouvelle version italienne est tournée par Duilio Coletti. En 1960, c'est au tour de Pierre Gaspard-Huit de tourner un Capitaine Fracasse, cette fois avec Jean Marais, et, trente ans plus tard, Ettore Scola réalise Le Voyage du capitaine Fracasse, avec Emmanuelle Béart et Vincent Perez.

Les films d'Abel Gance se caractérisent par l'excès, le foisonnement, qu'il s'agisse des costumes, des décors, des innovations techniques, ou même de la durée. Cette démesure n'est pas du goût des producteurs, d'autant moins que ces oeuvres, très coûteuses, sont souvent des échecs commerciaux. C'est notamment le cas de Napoleon en 1927 et de La Fin du monde trois ans plus tard. En 1945, au moment où le cinéaste rentre d'Espagne, on peut lire dans Paris-soir "Commanditaires, cachez vos coffres-forts" ! Gance entreprend néanmoins au sortir de la guerre un film sur la vie du Christ, La Divine tragédie, pour lequel il réussit à convaincre le producteur <_personne20_cpersonne3d_22_8893922_20_nom3d_22_de20_la20_grandic3a8_re20_20_22_20_prenom3d_22_georges22_20_target3d_22_2f_3e_.20_tous20_deux20_sont20_mc3aa_me20_rec3a7_us20_au20_vatican20_par20_le20_pape20_pie20_xii2c_20_pour20_lui20_prc3a9_senter20_leur20_projet.20_mais20_le20_producteur20_n27_honore20_pas20_ses20_engagements2c_20_et20_gance20_rc3a9_silie20_son20_contrat.20_faute20_de20_financements20_suffisants2c_20_le20_film20_ne20_se20_fera20_pas.20_ cpersonne="88939" target="" nom="de la Grandière " prenom="Georges">

Fernand Gravey, qui interprète le Baron de Cigognac, était déjà à l'affiche de Paradis perdu, d'Abel Gance, en 1940.

C'est Arthur Honegger, compositeur notamment de Jeanne au bûcher, qui a signé la musique du film. Il avait déjà écrit la musique de deux autres films d' Abel Gance, La Roue en 1923, et Napoleon en 1927.

Pour ce film, Abel Gance a mis au point un procédé économique baptisé le pictographe, et qui permet d'obtenir une double prise de vue, en filmant simultanément une photo ou une image peinte placée à proximité de la caméra et un décor situé à distance. Le cinéaste a toujours été passionné par les innovations technologiques. Dès 1915, il multiplie ainsi les trucages dans La Folie du docteur Tube. En 1927, certaines scènes de son Napoleon sont montrées en polyvision, ce qui signifie que des séquences sont projetées sur trois écrans simultanément, et en 1932, il fait breveter un procédé de perspective sonore.

C'est le deuxième film réalisé par Abel Gance pendant la Seconde Guerre Mondiale La Venus aveugle. Peu après le tournage du Capitaine Fracasse Gance, qui dut présenter en 1941 un certificat d' "aryanité" parce que le régime de Vichy le soupçonnait d'être juif, quittera la France occupée pour aller en Espagne. Il revienda en France en 1945.

Il s'agit d'une des toutes premières apparitions à l'écran de Jacques François, dans le rôle de Vidalenc. On retrouvera par la suite le comédien et son style pince-sans-rire dans de nombreuses comédies françaises.