As du poker, trafiquant sa vie dans les salles de jeux mafieuses et clandestines, un héroïnomane sort d’une désintox, bien décidé à recommencer sa vie à zéro, en exploitant toujours ses bras et mains d’or, mais cette fois en devenant batteur de jazz. Mais la charge de son amie dont il se sent responsable du handicap, le rejet de la femme qu’il aime, les pressions sociales et les nécessités financières le font vite replonger dans son ancienne vie, dont les constituants élaborent inévitablement le même cycle vicieux. L’aventure s’imbrique bientôt dans un thriller et une romance dont les enjeux servent encore à dénoncer le drame destructeur, la perte d’autonomie et de lucidité, quand l’alcool, le jeu ou autre addiction nous promet fatalement la voie sans issue d’un jeu truqué d’avance.
Précurseur dans la brutalité, la douleur, l’adultère légitime, la femme enfin désangélisée et la crudité des scènes de prises de fix ou de l’insupportable torture d’un sevrage brutal, Otto Preminger offre une chronique socio-romantique puissante, pédagogique et osée pour 1955, démontant le mécanisme comportemental suicidaire et les drames satellites de la toxicomanie. Frank Sinatra (authentique alcoolique), appelé Frankie dans le film, bien sûr dans le cadre un peu théâtral des jeux des années 50, maitrise parfaitement le rôle dur et touchant d’une victime sociétale, pathétique et intolérable dans du sevrage sauvage, avec des faiblesses personnelles qui ne lui seront pas épargnées non plus.